Pakistan

Mars 1990

Mon circuit en rouge (cliquer pour agrandir)
Mon circuit en rouge (cliquer pour agrandir)

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Suite de "Jordanie – Israël"

 

Arrivé à Karachi à 4 h 30 du matin – 3 h de décalage supplémentaire sur la Jordanie – ce qui me met en avance de 4 h sur la France. Pas de problème de fouille – d'ailleurs, depuis le départ, je n'ai pas été fouillé une seule fois, sauf pour l'histoire de ma recharge de gaz. Le passeport français semble un bon laissez-passer.

4 h 30 du matin - il est trop tôt pour se lancer dans l'aventure d'un nouveau pays – je tue de temps à l'aéroport en changeant de la monnaie, buvant un café et regardant la télé.

 

Quelques repaires : La monnaie est la roupie = 0,30 franc.

Les prix : un pain galette = 0,5 à 1 R, une assiette de riz dans la rue = 3 à 4 R, avec viande et pain = 7 à 8 R, un thé = 1 R, un lit en dortoir avec Pakistanais = 10 R, une chambre seule = 40 à 50 R

 

Quel dépaysement ! Le Pakistan compte 100 à 120 millions d'habitants – habillés à la pakistanaise – une couleur de peau bien spécifique à cette région – ça grouille de partout. La circulation est à gauche – reste du passage des Anglais dans cette partie du monde. Mais comme dans beaucoup de pays que j'ai déjà traversés on se demande parfois de quel côté on roule, une règle semble commune à ces pays avec pour devise "la route est à celui qui l'emprunte". Comme au Caire, on attrape et on descend des bus en marche. On ne sait jamais quand le bus est plein, il y a des passagers partout, jusqu'à 15 à 20 personnes sur le toit et une dizaine accrochées sur les côtés et l'arrière. C'est pire que dans les pays arabes, je ne perçois aucune règle.

Je cherche un petit hôtel où je pourrais déposer mon sac à dos pour être tranquille la journée, mais impossible de trouver un hôtel bon marché, les hôteliers refusent de m'héberger. Pour eux, je suis étranger et touriste et je dois aller dans les hôtels pour touristes – 10 fois plus chers. Je refuse cette ségrégation et décide de prendre le train pour m'enfoncer dans le pays vers le nord.

Les gens traversent la voie ferrée, les enfants jouent au ballon alors que des trains arrivent à bonne vitesse. Je m'arrête en fin d'après midi et trouve un hôtel près de la gare. En fait, c'est un dortoir pour hommes du "peuple". Nous serons peut être 50 à dormir dans la même pièce. Le propriétaire me dit "vous ne gardez rien sur vous" – et met mon sac dans un local cadenassé. J'ai quand même gardé l'essentiel sur moi, papiers, carte bancaire et passeport. On dort tout habillé avec une couverture sur le lit – un cadre en bois qui encercle un filet de cordage et un matelas de quelques centimètres - qu'il ne faut pas regarder de trop près. Mon drap de couchage personnel n'est pas un luxe pour m'isoler du matelas. Le matin – un petit robinet d'eau froide à l'extérieur pour une mini toilette et c'est parti pour une balade découverte.

Je rencontre une mariée à cheval – elle traverse la foule avec toute une procession – les gens lui accrochent des colliers en tissus décorés autour du cou. On ne lui voit pas le visage. Je ne peux absolument pas prendre de photo dans cette foule très compacte, je risquerais d'y laisser mon appareil photo.

Des femmes dans la rue sont entièrement voilées. Dans le tissu qui leur recouvre la tête on distingue un petit rectangle formant comme une grille au niveau des yeux leur permettant de voir devant elle. Aucun trait de leur visage n'est visible.

Dans tous les bus, la partie avant est réservée aux femmes et aucun mélange n'est possible. Dans les bus les plus anciens, une grille sépare même les deux parties. Je suppose qu'un couple de touristes doit se séparer s'il veut emprunter le bus.

Je rencontre un groupe de jeunes très intéressés pour discuter. Ils me paient même un thé et un gâteau dans un café – ensuite m'invitent chez l'un d'eux pour manger le soir. J'accepte. Tout ce qui concerne le mode de vie m'intéresse. Nous effectuons tout un tour dans des ruelles où je n'aurais jamais passé seul. Comparés aux habitants de ces ruelles je m'aperçois que ces jeunes qui me guident appartiennent à une classe plutôt moyenne.

Dans les rues, les égoûts sont canalisés dans des rigoles où de grosses m…. surnagent – tout passe dans ces égoûts ouverts, même le purin de vache. Dans ces ruelles étroites, les étables se confondent avec les maisons et parfois je me demande s'il y a des cloisons entre les deux. Les animaux sont partout, dans les cours, attachés ou non – c'est un peu la stabulation libre – c'est très sale. Les gens vont couper la nourriture tous les jours dans des endroits situés à l'extérieur de la ville. Ils récoltent le lait – je ne sais pas dans quel état – mais il faut éviter de le boire froid.

Je passe à l'hôtel pour y laisser mon sac, par sécurité, et nous retournons dans la famille d'un jeune pour manger. Je ne visite pas la maison, seulement une pièce qui sert de chambre pour l'un d'eux. Toute la famille défile pour me saluer. C'est un honneur de recevoir un étranger, en plus un Français, juste après la visite de François Mitterrand 4 jours plus tôt. Je mange tout seul, un plat spécialement prévu pour moi – avec 10 paires d'yeux autour pour me regarder manger. Pas très cool de manger dans ces conditions, j'aurais préféré partager avec tout le monde – mais c'est comme cela, je suis l'invité de la maison. Ils débordent tous de joie. Avant de partir, la mère m'apporte un grand foulard noir que les femmes mettent sur la tête et qu'elle a entièrement brodé avec des petits miroirs incrustés. C'est très joli. Ses yeux brillent tellement elle est contente de m'offrir cela, et elle me dit : "c'est pour votre femme".

Les jeunes me raccompagnent de nuit sur une partie du trajet – je n'aurais pas pu retrouver mon chemin seul. Ils me laissent à un endroit après m'avoir bien expliqué la direction et attendent un peu avant de repartir. Quelques mètres plus loin, je suis accosté par un homme qui veut absolument m'offrir un café. Je refuse et voyant l'insistance de l'homme, les jeunes reviennent vers moi pour m'emmener plus avant jusqu'au bus. Ils me mettent en garde contre ce genre de personne qui, sous couvert de vous offrir un café vous drogue et vous détrousse.

 

Lendemain, levé 3 h 30 du matin pour prendre le train qui doit m'emmener à Islamabad, la capitale. Un train bondé – aucune place assise, mais j'y suis habitué. Bondé veut dire des gens partout, y compris dans les porte-bagages au dessus des sièges passagers. L'anarchie complète – c'est l'Asie.

Je dois changer 2 fois de train et dans le dernier 3 jeunes étudiants m'invitent sur leur banc et me font une petite place. Je me dis encore une fois "voilà des jeunes qui cherchent à discuter avec des étrangers". Ils me disent qu'ils ont terminé leurs études et tentent d'obtenir un visa pour aller en Australie. Six heures dans ce train c'est long et il est 5 heures de l'après midi. Levé à 3 h 30 je commence à être fatigué et j'ai tendance à m'assoupir – mon sac bien sûr sous mon siège. Ils me proposent d'aller m'allonger dans le porte bagage. Je dis non une première fois et je finis par y aller – c'est plus confortable pour se reposer. Mon sac à main étant resté sous le siège, qui, lui-même situé au dessous du porte-bagage. Il y a deux femmes en face - je me dis que je ne craignais rien pour mon sac. D'ailleurs, je le récupère sans problème à mon arrivée.

Le lendemain, je cherche mon appareil photo partout, impossible de mettre la main dessus. J'essaie de me remémorer la dernière fois que je l'ai utilisé et je ne vois qu'un seul endroit où il aurait pu m'être volé, c'est le train pendant que j'étais assoupi dans le porte-bagage. J'ai eu tort de me fier aux deux femmes en face du siège. Il me faut intégrer dans ma mémoire que les femmes musulmanes sont soumises et que l'on ne peut pas compter sur elles au milieu des hommes. Je suppose que l'invitation par les jeunes était programmée pour tenter de me voler quelque chose et c'est réussi – je me suis fait avoir comme un bleu.

J'explique la situation à l'hôtel et demande la démarche à suivre car il me semble que je peux essayer de retrouver les voleurs à l'ambassade d'Australie – si leur histoire est vrai bien sûr – mais elle parait tenir debout. Quand on demande un visa, on laisse son passeport quelques jours et je peux, avec un peu de chance en reconnaitre. A l'hôtel, on me dit : "vous savez ici, la police n'existe pas, elle a un nom, c'est tout – même pas de bureau pour faire une déposition et de toute façon on ne peut pas leur faire confiance. Il n'y a aucun recours possible, votre appareil est perdu. Ici, dans le pays on peut tuer quelqu'un, on sait que la police ne nous recherchera pas". J'ai envie de vomir !

Bon, dans chaque banque il y a quand même un militaire à l'entrée avec un fusil de chasse à 2 coups et la cartouchière en bandoulière.

 

Le Pakistan : foyer de l'Islam

En allant chercher mon visa à l'ambassade de l'Inde à Islamabad je rencontre tout un groupe de musulmans, 7 personnes, qui viennent "faire un lavage de leur cœur" comme ils disent. Pour eux, le Pakistan est la meilleure place au monde pour purifier leur cœur, leur esprit. Parmi le groupe, 3 personnes originaires d'Afrique du nord parlent français et nous discutons en attendant notre visa. Très vite, la discussion s'oriente vers le sens de notre vie et sur l'Islam. L'heure de la distribution des visas arrive et je suis content de mettre fin à la discussion. Comme je repars à pied, l'un d'entre eux me suit et continue la conversation tout en marchant. Au bout de 500 m, il retourne rejoindre les autres……..ouf. Un quart d'heure plus tard, le groupe me dépasse en minibus et ils me demandent jusqu'où je vais. Pur hasard, je me rends dans un quartier pas très éloigné d'où ils vont, et je n'ai rien sur la langue à ce moment là pour refuser leur invitation à profiter du minibus.

Pendant une heure, je subis un lavage de cerveau sur l'Islam. "Je suis une brebis égarée". Un Jordanien, qui doit connaitre le coran de A à Z se met à me prêcher le coran, la traduction étant assurée par un autre qui parle le français. Ils me proposent de passer seulement 3 jours avec eux et après, je pourrais choisir en connaissance de cause – 3 jours absolument gratuits, où l'on s'occupera de moi, où je serais comme chez moi. Pendant qu'ils me parlaient je cherchais quels arguments j'allais bien avancer pour refuser, car " Dieu m'avait mis sur leur chemin, c'était une occasion à saisir pour moi ", etc. Ils ont des arguments très calculés et très difficiles à contrer. Je finis par leur dire que je ne suis pas prêt pour cette démarche et que si j'y allais en ce moment ce serait forcé, et il n'est pas bon d'y aller contre son gré. La réponse ne se fait pas attendre : "mais dans la vie il faut souvent se forcer pour arriver à quelque chose, y mettre du sien, cela n'arrive pas tout seul. Si on veut devenir médecin il faut travailler très dur pendant 7 années, il faut se forcer. Dans la religion, c'est pareil, et ta ta ta, et ta ta ta. Tant et si bien que nous sommes arrivés dans ce que l'on appellerait un couvent en France et,…….. 15 personnes qui m'entourent et me souhaitent la bienvenue. Aïe, comment en sortir ? Je me trouve à environ 3 km de mon hôtel et il fait presque nuit. Ils ne me laissent pas beaucoup de place pour m'exprimer. Je réussis quand même à leur dire que je ne suis pas prêt pour cette démarche mais que je ne dis pas non dans l'avenir. Alors, ils me proposent de me reconduire en minibus, ce que je ne peux refuser. Le problème est qu'ils vont avoir mon adresse et je n'aime pas ça. Au moment de partir le chauffeur me dit que c'est l'heure de la prière et que je dois attendre quelque temps. Je décide donc de partir seul à pied contre leur gré. Ouf, je suis parti !

C'est incroyable cette force qu'ils exercent sur nous et c'est tellement gentil que l'on ne peut pas "claquer la porte". Ils utilisent les témoignages comme dans beaucoup de sectes : "tu sais j'étais comme toi, je marchais sans me soucier de ma foi et un jour j'ai voulu approfondir, et maintenant je vis l'extase en communion avec Dieu – plus rien à voir avec la vie matérielle que je vivais avant, etc. Je repars avec un petit fascicule, sorte d'attrape-mouche – adapté aux hommes un peu paumés.

 

Islamabad – c'est une ville nouvelle crée depuis 30 ans environ. Elle ressemble un peu aux villes européennes, avec plus d'espace, des avenues immenses, des bois et….. des distances folles à parcourir.

Il pleut beaucoup en ce moment et les rues sont très sales – de la boue partout même dans une ville neuve.

Après 2 jours sans appareil photo, je suis en manque. Je fais le tour des magasins et ne trouve que des appareils premiers prix chez nous. Le marché est adapté à la clientèle locale. En demandant dans la rue où je peux trouver un vendeur d'appareils photos, je me vois répondre : vous cherchez un neuf ou occasion ? – tiens, il y a un marché d'occasion – à voir. En entrant dans le magasin, j'ai la surprise de tomber sur un appareil d'occasion, Pentax Zoom 70S, c'est-à-dire le même que je viens de me faire voler quelques jours avant. Tout correspond mais je n'ai aucune preuve. Je me laisse embarquer dans une histoire de récupération de mon appareil avec des personnes de l'hôtel où je suis – une histoire qui aurait pu mal tourner – et je suis obligé de mettre le oh-là pour stopper l'engrenage.

Je finis par acheter un petit appareil bon marché en attendant Hong Kong.

 

7 mars 1990 – De la fenêtre de mon hôtel, j'aperçois des wagons entiers chargés de canons qui seraient destinés à la région du Cachemire où il y a quelques frictions avec l'Inde. Ce n'est pas encore la guerre mais je dois absolument éviter cette zone.

 

Visite d'une petite région touristique autour de Murée au nord d'Islamabad. C'est une région montagneuse que des touristes m'avaient signalée. Il y a de la neige partout et la température descend à 0° dans la chambre. C'est beau mais je dois enfiler toute ma garde-robe et, heureusement que j'ai un bon sac de couchage avec moi.

Les gens sont sympas et toujours en extase quand je leur dis que je suis Français – Mitterrand est dans les mémoires et la France est pour eux le meilleur pays au monde.

La vallée entre Murée et Abbatabad est une des plus belles que je n'ai jamais vues – même le Tyrol en Autriche parait fade à côté. La montagne est entièrement habitée – des maisons avec un toit en terre qui sert de terrain de jeux pour les enfants. Les gens portent des sacs de la route jusqu'à leur maison par des sentiers très étroits.

Les transports sont laborieux dans cette zone. Des pick-up bâchés, chargés de passagers et de marchandises relient les villages. Je me laisse guider – en espérant avoir été compris par le chauffeur. Les arrêts sont à la demande – là où les gens habitent. A un carrefour, il s'arrête et m'invite à descendre en me faisant signe que ma destination est tout droit – lui bifurque sur la droite. Je me retrouve en rase campagne avec 2 – 3 baraques autour et il est 4 heures de l'après midi. Pourvu que je ne reste pas en rade pour la nuit. Un homme âgé m'observe et j'essaie de lui demander s'il y a d'autres véhicules à passer – la communication est impossible. J'attends une heure environ et imagine dormir dans une de ces baraques – quand un véhicule arrive et m'emmène jusqu'au prochain village – ouf. Les circuits de transport existent bien mais sans horaires.

Je trouve une chambre avec un robinet et un WC à la turque – un rêve. Au moins si je ne dors pas au chaud je dormirais à l'abri. Dehors il fait nuit – un feu de bois à un carrefour permet aux badauds de prendre une poignée de feu en passant – et j'en profite bien pour me réchauffer les pieds. Les enfants jouent autour du feu. On essaie de communiquer – ce n'est pas facile, mais ils sont intéressés par l'étranger qui s'est arrêté au village. Je mange dans un genre de local "café-restaurant" – sympa, mais la barrière de la langue est d'autant plus importante que nous sommes loin des villes.

Ici, on y mange très simplement, 2 ou 3 plats différents et les mêmes toute l'année. Le pain représente plus de 50 % de la nourriture. Depuis mon départ, 4 mois auparavant, j'ai mangé moins de 10 repas à la française (en Israël). Ici, beaucoup de mes repas sont composés d'une assiette de riz avec une galette de pain.

En me couchant j'enfile tout ce qu'il est possible en plus de mon sac de couchage et des couvertures sur le lit.

 

Combustible : Les gens récupèrent les bouses et ils en font des "galettes" qu'ils collent contre les murs pour les faire sécher. Elles servent ensuite de combustible pour cuisiner.

 

Habits des hommes Pakistanais : c'est une tenue très légère, composée d'un pantalon très ample au niveau de la taille et allant en rétrécissant vers le bas, et d'un genre de très grande chemise/tunique sur le pantalon qui descend jusqu'aux genoux. La chemise est échancrée à partir de la ceinture des deux côtés. C'est une tenue qui se porte aussi bien pour le travail le plus sale que pour les sorties. Le pantalon est conçu un peu comme un pyjama, sans braguette. S'il fait froid ils mettent un pull et même une veste par-dessus. Dans les régions très froides la veste est remplacée par un genre de couverture dont ils s'enroulent comme avec une écharpe. Les enfants portent cette tenue à partir de 5 à 6 ans. Les hommes portent tous la moustache.

Pour uriner ils s'accroupissent face à un mur en écartant les genoux. C'est une position conseillée dans le Coran. On les voit pisser partout dans les caniveaux.

Quant aux femmes, vous attendrez que d'autres personnes vous expliquent !!

 

Le lit : le drap est une invention de l'homme et n'existe pas dans les hôtels bons marchés que je fréquente. On dispose d'un genre d'édredon pour nous couvrir et quelquefois des couvertures – le tout dans un état de propreté souvent douteux. Le lit est composé d'un cadre métallique (ou de bois) sur pattes avec un tressage de corde ou de lanières plastiques. Sur ce tressage est placé un "matelas" de laine ou de chiffon de 2 cm d'épaisseur environ. Il ne faut pas être exigeant mais je dors relativement bien.

 

On estime que 70 % des gens sont illettrés, c'est-à-dire qu'ils ne savent pas lire (mars 1990).

Il y a 50 % d'inemployés par rapport à la population active. Ici, on ne parle pas de chômage, ça ne voudrait rien dire.

 

Quand une personne dans la rue m'invite à prendre un thé avec une apparence très intéressée, elle a souvent une idée derrière la tête et veut que je l'aide à obtenir un visa pour aller en France. Un visa touristique leur suffit pour rester le temps qu'ils veulent – ils connaissent les combines. Pour beaucoup de jeunes ici, la seule façon d'améliorer leur niveau de vie et d'aller travailler dans un pays riche. Les conditions de vie et de travail les plus horribles de chez nous sont des conditions normales chez eux.

 

Problème du sous développement !

On ne le résoudra pas en distribuant de la nourriture. La malnutrition n'est que la manifestation du mal. Le problème de fond semble dans un premier temps celui de la démographie. Les pays riches ont en moyenne autour de 2 enfants par couple alors qu'un pays comme le Pakistan atteint 6 à 8 enfants par famille, si bien que l'augmentation de la population est plus rapide que le développement économique du pays. Cette équation est vraie pour la plupart des domaines qui touchent à la vie des personnes, la production agricole, la scolarisation des enfants, la santé, le logement, les transports, le travail, etc. Si l'on pouvait, d'un coup de baguette magique, réduire du jour au lendemain le taux de natalité à 2, le problème du sous-développement serait résolu au 3/4 sans interventions extérieures.

Exemple pour l'école : si l'on admet qu'il y a 50 % d'enfants scolarisés aujourd'hui, le maintien de ce taux représente déjà un effort budgétaire très important si l'on prend en compte le nombre croissant d'enfants à scolariser chaque année – le nombre d'école à construire, le nombre de maître à former, l'organisation du système éducatif, etc. Et c'est identique pour tous les domaines, que ce soit les hôpitaux, l'industrie, l'agriculture…

 

Le Pakistan : j'avoue que la première semaine m'a été un peu pénible – une vision complètement différente de celle des pays arabes – des gens sans éducation pour la plupart. Dans la rue, certaines personnes se détournent et vous fixent comme une bête curieuse à 1 m seulement. Le fait de les regarder dans les yeux ne change rien à leur attitude.

Le deuxième jour, je mangeais dans un boui-boui et un homme était intrigué par moi et par mon sac à main. Il voulait absolument regarder ce qu'il pouvait y avoir à l'intérieur – j'avais beau lui dire que c'était mes affaires personnelles – il a fallu qu'une autre personne intervienne pour l'empêcher de l'ouvrir.

Dans le train, si vous voulez être sûr d'être assis, il est préférable de réserver un siège. Mais le Pakistanais considère ensuite que ce siège lui appartient. J'ai vu deux places libres – leurs occupants étaient montés s'installer dormir dans les porte-bagages. Plus de 20 personnes ont demandé à s'assoir, certaines avec insistance, - pas question de donner un cm de ces sièges alors que le couloir était plein de passagers debouts.

Les gens sont sales, crachent partout, dans le train, le bus, le restaurant, la chambre d'hôtel. On jette tout par terre, aussi bien les os sous la table du restaurant que les épluchures d'oranges dans la chambre.

Je me suis progressivement acclimater à ce genre de vie et après 2 semaines passées dans ce pays, je me dis que c'était quand même pas mal, que j'ai découvert un autre monde.

 

Mon itinéraire dans le pays : Karachi – Sukku – Multan – Lahore – Islamabad – Murée – Abbatabad – Islamabad - Lahore, et direction l'Inde.

 

Je n'ai pas trouvé un seul journal français au Pakistan et 15 jours sans nouvelles de la France, c'est long. Dans tous les autres pays traversés, j'arrivais à trouver la presse Française, un peu décalée pour les nouvelles, mais cela faisait du bien de ne pas être trop coupé des actualités.

Ma tente de camping ne me sert plus dans ce genre de pays, c'est trop dangereux. Mais en contre partie l'hôtel est bon marché. Je la garde quand même pour des pays comme le Japon où les nuits avoisinent les 400 F.

 

Réflexions entendues ou vécues sur la vie des Pakistanais et l'Islam :

Seuls les riches peuvent se marier, et, dans beaucoup de cas ce sont les parents qui marient leurs enfants. De 30 à 50 % des hommes sont restés célibataires. Ce n'est pas vrai pour les femmes puisque les hommes peuvent "posséder" jusqu'à 4 épouses.

L'Islam est la meilleure des religions, mais mal appliquée – c'est pour cette raison que les pays islamiques ne sont pas des pays riches. Si on appliquait bien le Coran nous aurions le meilleur pays au monde.

Dans les villes on dénombre une mosquée tous les 500 m environ.

La prière a lieu 5 fois par jour. Impossible de manquer l'heure avec la diffusion des hauts parleurs, à la radio, à la télévision, etc.

Beaucoup de lecteurs ou enseignants du Coran n'ont reçu aucune éducation, ils sont allés à l'école mais seulement pour apprendre par cœur le Coran – ils ne croient qu'en lui et on se sert d'eux pour prêcher. L'apprentissage du Coran à l'école est du bourrage de crâne.

On nait musulman et il est quasiment impossible d'en sortir en restant dans le milieu. Ceux qui ne pratiquent pas se gardent bien de critiquer les autres.

On ne doit pas montrer son corps, même les hommes – pas de short, ni torse nu. Les hommes se donnent la main dans la rue, naturellement, sans que cela choque – c'est une marque d'amitié et rien de plus.

Prendre une femme en photo peut attirer des ennuis. Je me rappelle avoir vu un album photo en Palestine où il n'y avait que des hommes.

On ne voit pas de femmes dans les restaurants. Si un couple séjourne à l'hôtel, le mari descend manger dans la salle de restaurant et monte l'assiette de sa femme dans la chambre.

La femme, dans la religion musulmane, est la plus protégée au monde. On lui laisse une place assise dans le train, le bus, etc. Si vous dites qu'il n'y a pas d'égalité entre l'homme et la femme – on vous répond " au contraire, elle a de la chance, elle est très protégée" – mais d'un autre côté, ils reconnaissent qu'elle n'a pas droit à la parole. La femme vit cachée, sauf à la maison.