Bangladesh

Du 1er au 25 Février 2017

Trajet en pointillés rouges

 

Je vol sur Saudia Arline avec escale à Jeddha en Arabie Saoudite. Deuxième partie, Jeddha-Dhaka, - changement de confort, - plus de petits coussins, de couvertures, d'écouteurs, des couverts en plastique, etc. 99 % de Bangladais dans l'avion, - je dois être le seul "étranger" à ce groupe. Je comprends vite les choses au moment de l'embarquement. En groupe, les Bangladais reprennent leurs habitudes culturelles, et ce n'est pas triste, - les hôtesses et Stewards doivent jouer d'autorité. 

 

Petit tracas en arrivant à l'aéroport de Dhaka. Comme à mon habitude je n'ai pas retenu d'hôtel, et les autorités exigent la copie de la réservation pour délivrer un visa. Mon téléphone n'a pas de carte Sim locale, donc inutilisable. Après avoir tourné un moment dans l'aéroport je réussi à me connecter à internet dans une zone Wifi et me faire envoyer une réservation par email. Ouf, c'est bon.

 

Je savais que la capitale était polluée, mais pas à ce point. Je ne peux pas dire que je respire à plein poumon, je suis plutôt dans la retenue. Je déclenche tout d'abord une bonne sinusite, suivit d'une toux.  Mes petits poumons habitués à l'air pur de ma campagne subissent une bonne agression. Mais je devrais survivre.

 

Je reste 4 jours à Dhaka, - visite de plusieurs parties de la capitale - demande de visa pour la Birmanie, ma prochaine destination. Inutile de rechercher les lieux touristiques, la seule attraction intéressante pour moi est la vie locale. Aucune appréhension, je me sens à l'aise dès le premier jour. 

 

Difficile de trouver un distributeur acceptant les cartes de crédit étrangères (ATM). Pour plus de sécurité je retire près de 1000 € en monnaie locale.

 

Direction au sud-est, à Chittagong, pour 3 nuits. Petit hôtel local où le drap de couchage n'est pas superflu. Des longueurs de "trottoirs" sont squattées par des familles avec enfants.

 

Il est préférable de se fondre dans le moule. A part mes chaussures, que je maintiens poussiéreuses, je n'ai aucun signe de richesse apparent.

 

Mon impression au bout d'une semaine : la pauvreté de beaucoup de zones donne une image un peu répugnante. Personnes sensibles et délicates s'abstenir. En dehors des villes, les gens se lavent dans l'eau stagnante extrêmement sales, - inimaginable. MAIS, .... leur accueil est formidable. Je ne me sens aucunement en insécurité. 

 

Bangladesh : 170 millions d'habitants sur une superficie égale au quart de la France. Avec près de 1200 habitants au km2, le Bangladesh a la densité de population la plus élevée au monde, en dehors des villes états. Cyclones, inondations, font partie de la vie des Bangladais. Très concerné par les risques du réchauffement climatique, 50 % du territoire serait sous l'eau avec une élévation d'un mètre du niveau de la mer.

 

A une vingtaine de km au nord de Chittagong, et sur 18 km de côte, existe un des plus gros chantier au monde de destruction de bateaux. Accès strictement interdit, sauf autorisation spéciale. Des centaines d'entreprises, toutes bien barricadées avec gardiens, forment comme un mur. Plus de 200 000 personnes y travaillent, dans des conditions, qu'il est préférable de ne pas montrer aux étrangers. Je passe une journée complète pour tenter d'en connaître un peu plus. 

 

Un va-et-vient de camions pour alimenter en bonbonnes d'acétylène et évacuer les bateaux en pièces. Le temps d'ouverture des portes j'aperçois les bateaux plus ou moins dépecés. Les extérieurs grouillent de monde. Je ressens une suspicion très forte à mon encontre, mais je ne force rien et ne cherche surtout pas à prendre des photos. Ce ne sera que vers le milieu de l'après midi qu'un homme, devinant mon désir, me guide discrètement vers un sentier/égout utilisé par des pêcheurs. J'ai juste le temps de prendre quelques photos avec mon téléphone dans ma poche secrète avant que deux gardiens me repèrent. Discution, - n'allez pas plus loin et aucune photos - non non, je respecte les règles messieurs. 

 

Sur les côtés de la 4 voies qui longe à 1 km de la mer ? Ce ne sont que des ateliers avec des pièces de bateaux et la ferraille découpé.  Tout est récupéré. Portes, cuivre des fils électriques, moteurs, escaliers.

J'ai appris plus tard que la meilleurs solution était de trouver un pêcheur qui emmène le visiteur pour une visite côté mer. Peut être une prochaine fois !

 

Bateaux en cours de démolition sur la côte
Bateaux en cours de démolition sur la côte

Très peu de voitures particulières - des transports en commun qui vont du rickshaw aux grands bus, - et des véhicules de transport, de la Charrette à bras aux semi-remorques. Vue la densité de la population, le nombre d'autobus circulant est impressionnant. En revenant de Chittagong au sud sur la 4 voies, je me suis amusé à compter les bus qui circulaient dans l'autre sens ; 120 autobus en 30 mn. Ne vous trompez pas de bus quand vous vous arrêtez pour le déjeuner ! 

 

De Chittagong, je repasse par Dhaka pour récupérer mon visa pour la Birmanie. Puis direction le nord-est, à Sylhet. En prenant mon billet je demande la durée du trajet : "6 heures, minimum". Et maximum ? - "y a pas de maximum". Le trajet durera 10 heures.

 

Deux jours dans la région de Sylhet, une des plus riches du pays, - et direction Mymensingh, centre nord. Les rickshaws électriques sont partout. Une batterie de voiture sous le siège et un petit moteur. Quel luxe comparé au dur pédalage toute la journée. 

 

Il fait une température excellente pour voyager - 10 à 25 degrés. 

 

Direction Bogra, vers l'ouest. Le Bangladesh est traversé par d'immenses fleuves, jusqu'à 5 km de largeur, et les ponts sont peu nombreux, ce qui oblige souvent à faire de grands détours.

 

Je choisis de traverser en ligne droite, ou presque, en espérant qu'il y a des bateaux pour franchir le fleuve, le Jamuna. Départ à 6 heures du matin - le trajet semble compliqué. Sans les locaux je n'aurais jamais trouvé le bon itinéraire. C'est une des régions les plus pauvres du Bangladesh. On sait me le faire savoir, avec souvent une demande d'aide, - mais ça reste correct. 

 

Des personnes, sans doute peu habituées de rencontrer des étrangers, me scrutent dans tous mes gestes, - comme déshabillé diraient certaines femmes. Bus, restaurants, rue. Je m'efforce de paraître comme un humain normal. C'est la première fois que je ressens aussi fort cette situation avec des adultes.

 

Traversée en bateau, - un jeune me demande 3 fois le prix des locaux. "Non, - je paie le même prix que tout le monde". Devant son refus je lui fais signe que je sors du bateau et commence à prendre mon sac. De chœur, les autres passagers me disent le prix à payer, et le jeune s'incline. Je peux bien sûr payer plus cher mais je veux surtout être considéré comme les autres, pour une relation d'égal à égal, sinon je perds le sens de mon voyage.

 

Comme à mon habitude, je trouve une famille "pauvre" pour laver mon jean, un gilet multi poche et 2 polos. Pour l'équivalent d' 1,20 €, - c'est la nourriture d'une journée pour toute une famille. Il faut être très vigilant dans les sommes à payer et bien connaître le coût de la vie locale. Trop donner ne laisse pas une meilleure image de l'étranger. Il y a d'autres circuits pour aider les pays pauvres. 

 

Dans cette région je vis avec 10 € par jour, - hôtel, nourriture, petits déplacements.

 

Les inconditionnels de l'hygiène n'ont pas leur place au Bangladesh. Les sièges des bus locaux sont couverts de "crasse", ils ont perdu leur couleur depuis longtemps. Les lits des petits hôtels sont envahis de petites bestioles invisibles qui me dévorent une partie de la nuit. Ma bombe insecticide n'a aucun effet. La seule parade que j'ai trouvée est de recouvrir le lit de ma fine bâche plastique (2 X 2 m) et de dormir dans mon drap de couchage. 

 

Les Bangladais sont demandeurs de selfis à tout moment. J'y laisserais des centaines de photos. Je m'y prête volontiers. Cela me permet de créer un lien et d'obtenir en retour de belles photos en leur compagnie.

 

Dormir chez l'habitant ne m'apparaît pas une priorité. J'ai tenté dans une petite ville sans hôtel. Mon interlocuteur, qui avait passé quelques années à l'étranger, me dit : "ça va être difficile ici, les conditions de vie sont très différentes de chez vous". J'ai quand même eu une proposition franche, que j'ai déclinée. Elle émanait d'un jeune homme - 33 ans - qui m'avait emmené chez lui, et ses parents, - une superbe maison. Ses propos sur les pauvres aux alentours m'étaient assez désagréables. 

 

Dans le sud, partie delta, les routes sont très étroites et ressemblent souvent à des pistes. J'oscille entre bateaux, passager de motos et CNG (petits véhicules à 3 roues contenant de 3 à 10 passagers). Aucun plan de circulation, il faut aviser sur le terrain avec l'aide des locaux, - et surtout avoir du temps devant soi. Plus aucune connexion internet, je suis coupé du monde pendant une semaine.

 

Etre pauvre parmi les pauvres est sans doute moins difficile que d'être pauvre parmi les riches. L'exemple d'un aveugle qui a "fait la manche" sur le bateau qui traversait un fleuve. Sur 30 personnes à bord, plus de 20 ont sorti le porte monnaie. Une solidarité que l'on ne voit pas chez nous.

 

Le Bangladais mange avec sa main droite, - pas de couverts. La main gauche est censée être utilisée pour la toilette intime. Dans la région pauvre du delta on vous distribue un petit carré de journal de 20 cm pour s'essuyer les mains à la fin du repas. Ça me rappelle mon enfance chez mes parents quand on allait dans la cabane au fond du jardin.

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Je m'attendais à plus de difficultés pour voyager dans ce pays. Je ne rencontre quasiment pas d'étrangers, et ce n'est pas un endroit où une femme seule, étrangère, pourrait se sentir à l'aise. Hors des grandes villes la rue est un milieu d'hommes, non habitués à voir des étrangers. 

 

Je ne suis pas très optimiste quant au développement économique et à l'augmentation du niveau de vie dans ce pays. La densité, 1200 habitants au km2, est telle que les terres ne pourrons jamais nourrir une population qui continue de croître. Les aléas climatiques ne font qu'aggraver la situation, et les surfaces boisées pourraient bien disparaître dans les décennies à venir.

 

Très satisfait d'avoir découvert ce pays, j'en retiens un accueil très chaleureux de la population.