Turquie 

Du 6 mai au 4 juin 2015

Itinéraire en vert

Nouvelle escapade d'un voyageur, - direction la Turquie.


A la descente d'avion, c'est le plongeon direct dans la vie locale d'Istanbul, avec un bus de ligne, un bateau pour traverser le Bosphore et une longue marche dans les rues pour rejoindre un hôtel repéré sur mon guide. J'y resterais deux jours et demi avec la visite de Sainte Sophie, le palais-musée de Topkapi, le Grand Bazard, la mosquée bleue et quelques autres - il y en a partout. 
Sainte Sophie - un lieu cité comme extraordinaire. Un peu déçu quand même par rapport aux écrits. En fait, l'histoire de ce lieu est unique. La construction débute au 6 ème siècle en tant qu'église, est transformée en mosquée au 15ème siècle, et classée actuellement dans la catégorie des musées. Un bon exemple pour la reconversion des églises inoccupées en France ! 
Istanbul est une ville très touristique - on se croit en Europe. Il faut s'enfoncer dans la ville pour découvrir le mode de vie turque, surtout le soir. 
On est en pleine campagne électorale - des camions avec affiches des candidats sillonnent la ville, diffusant mus
iques et bonnes promesses. Qu'est ce que c'est agréable parfois de ne pas comprendre.
La Turquie - une superficie de 780 000 km2 (France 550 000) pour 80 millions d'habitants, musulmans à 99 % . Elle a quelque 200 000 réfugiés Syriens sur son sol et toujours quelques tensions avec des pays voisins. 
Un bus de nuit (12h) m'emmène en Cappadoce, au centre du pays, - une curiosité géologique. Les collines sont truffées de galeries creusées par l'homme au fil des temps pour en faire des habitations troglodytes, des églises décorées de fresques, des monastères, des souterrains qui abritaient la population pendant les guerres. Les villages actuels se confondent avec le relief, mi-enfouis dans les rochers. La roche volcanique, sculptée par les millénaires donne un aspect de paysage lunaire, ou je ne sais quelle planète. 
Trois jours pour visiter cette merveille, dont un survol d'une heure en ballon au lever du jour, -  20 personnes par nacelle, et quelques 150 ballons en même temps dans le ciel, - impressionnant. 
Je termine la visite de cette région par 2 jours de voiture en location pour découvrir les villages éloignés du lieu touristique. Grand contraste de mode de vie, - c'est la Turquie profonde avec le travail des champs, les quelques vaches gardées par les femmes, les troupeaux de moutons. Je traverse une région de monoculture de pommes de terre. Les collines avoisinantes sont truffées de galeries utilisées pour le stockage des tubercules pendant tout l'hiver.
Passage à la douane d'une femme en niqab (seuls les 2 yeux visibles), pour un vol intérieur. Le mari présente les deux cartes d'identité - le contrôleur se contente de regarder la carte d'identité de la femme en faisant confiance au mari sur le "contenu de l'enveloppe noire " qui l'accompagne. Je ne sais pas ce qu'il en est quand il s'agit d'un vol international ? 
De la Cappadoce, direction Trabzon au nord est sur la Mer Noire. Mon intention est de faire une escapade en Iran et Trabzon est un lieu où il est facile d'obtenir un visa. J'arrive le vendredi soir et je dois attendre jusqu'au lundi matin, ouverture des bureaux, - pour entendre que je dois faire ma demande par Internet et revenir le mercredi. Je ne suis pas équipé et je ne peux attendre aucune aide de l'hôtel où je séjourne. Je décide d'abandonner le projet et  file vers la Géorgie où je suis actuellement. Je pense redescendre par l'Arménie et retraverser toute la Turquie pour rejoindre Istanbul, ma ville de départ.

(A l'attention des voyageurs qui utiliseraient les ordinateurs de la région. Le "i" sur les touches des claviers n'a pas de point et si vous avez un "i" dans l'écriture d'un email il ne sera pas reconnu. Il faut actionner une touche spéciale pour obtenir un "i" avec point)

Géorgie

 

Récit d'une journée de voyage ordinaire  :  premier jour en Géorgie.
Batumi (ville) - lever à 8 h, et je m'aperçois que mon téléphone m'indique que la Géorgie est en avance d'une heure sur la Turquie. Toilette, préparation au départ - au bout de 200 m je trouve un kiosque qui sert de quoi manger avec un café. La gare routière se situe à environ 1 km - j'inscris sur un petit papier le nom de la petite ville où j'ai décidé de m'arrêter - Samtredia - ça évite des erreurs de prononciation, surtout que l'alphabet géorgien est complètement différent. Un quart d'heure d'attente et me voilà parti en minibus pour 2 h de trajet. Le chauffeur scrute en permanence les piétons susceptibles de lui faire signe de la main. C'est montées et descentes à la demande. Côté conduite, on imagine 3 files sur 2 voies - les lignes blanches continues sont complètement ignorées. Je n'ose pas imaginer la circulation par temps de brouillard. A l'arrivée, je suis le dernier à sortir - dans la rue, sans repère. 
Je précise que je voyage au feeling - j'ai juste mon téléphone avec GPS et sur lequel j'ai téléchargé  une carte du pays.
Je gagne ce qu'on pourrait appeler le centre ville et je m'adresse à un jeune pour demander un hôtel. Très peu de personnes parlent anglais - privilégier les jeunes dans la rue. L'hôtel est très bien (20 €). Je m'apercevrais le soir qu'il fait aussi office d'hôtel de charme avec un personnel de service qui intervient dès que la chambre se libère. 14 h - je trouve de quoi manger et je pars vers la campagne au hasard pour une marche de découverte. 
  Égoutsà ciel ouvert avec des milliers de grenouilles - croassements ininterrompus. Pas d'odeur - je ne sais pas ce qu'il en est en pleine chaleur (il fait 25 degrés). Les vaches et les cochons sont en liberté dans les rues et sur les routes. Les maisons en retrait de la ville ont souvent un très grand terrain devant et autour, clôturé - 3/4000 m2.. Constructions assez délabrées dans l'ensemble. Contraste de pauvreté comparé à la Turquie. Encore beaucoup de voitures Lada.
Très peu de cultures dans les champs, - beaucoup de prairies, souvent non entretenues, comme à l'abandon. 
Rencontre d'un vieil homme sur le chemin. Tentative de discussion - dur, dur - il comprend que je suis Français, me serre dans ses bras et m'embrasse, - ....encore plus mal rasé que moi ! A ce moment là je ne pense pas que je vais tirer quelque chose de notre rencontre, et je lui dis au revoir en accélérant le pas. Au bout de 10 m il me rappelle pour me proposer un petit verre - je comprends tout de suite qu'il s'agit d'alcool - je lui dis bien sûr que non. Il insiste et me fait signe de le suivre. Et nous voilà bras dessus bras dessous jusqu'à sa maison. Présentation de sa basse cour, de son chien - on se lave les mains à un robinet près du puits, fier de mettre en marche sa pompe électrique. Nous buvons un verre d'eau de son puits (supposée potable - mais mon transit en a vu d'autre). Je me laisse complètement guider. Entrée à la maison - bonjour Madame. Café ? - oui merci. Surtout ne pas mélanger, et laisser le marre au fond. Madame reste dans la cuisine attenante - revient avec 2 assiettes - puis un plat de pommes de terre cuites à la poêle - puis des tranches de fromage fait maison - une sorte de vinaigrette avec beaucoup d'herbes - 2 petits verres avec une mini bouteille. Je prends les devants et j'ouvre la bouteille - ça sent fort l'alcool. Je lui fais signe que je n'en boirais pas et retourne mon verre. Il est 4 h de l'après midi, je n'ai pas vraiment faim mais j'apprécie la table dans ces moments privilégiés. Pendant que nous mangeons tous les deux, Madame suit son film à l'eau de rose, assise sur le lit dans la même pièce. Discussion sur la religion - ils sont catholiques - je fais mon signe de croix - whoua, nouvelle embrassade. Ils détestent Poutine - aucun effort de ma part pour être en accord. Madame veut voir mon passeport par curiosité - je lui sors mon deuxième passeport (périmé) que j'utilise dans ces circonstances. Discussions - échange avec la carte d'identité de Monsieur. Les supports permettent toujours des conversations quand on a pas de vocabulaire commun. Quelques photos à la sortie - Madame se cache - et grosse embrassade. C'est le type de rencontre où il faut juste se laisser porter. Et le bonheur est réciproque, encore plus pour eux je pense. 
Retour vers la ville. Mon GPS m'indique 8 km. Qui s'avèreront être beaucoup plus en découvrant qu'il m'indique la distance à vol d'oiseau. Au total 22,5 km dans la journée. 
Géorgie  : 70 000 km2 (France 550 000) pour 4,5 millions habitants. Petit pays qui a fait parler de lui quand la Russie l'avait "envahi" en 2008 et que Sarkozy était intervenu au nom de l'Europe.

Tbilissi, la capitale, que je traverse en métro de part en part avec l'aide des locaux. Un vieux métro qui date des années soviétiques, avec aucune notification de la ligne et des arrêts à l’intérieur des rames. J'enfile 2 bus pour me rapprocher de la frontière arménienne. Ce ne sera pas une bonne option, et sur les conseils des locaux je reviens sur Tbilissi pour prendre un bus qui m'emmènera jusqu'à Erevan (Yerevan), la capitale Arménienne. 

 

Arménie


Je séjournerais une seule nuit à Erevan dans une auberge de jeunesse. C'est une ville moderne comme la plupart des capitales, et reconstruite à neuf après le tremblement de terre de 1988. Le lendemain, direction Armavir, près de la frontière Iranniene. Une marche de 31 km dans les villages environnants, avec comme résultat de belles ampoules aux 2 pieds.  Beaucoup de vigne et d'arbres fruitiers. C'est le paradis des cigognes - des centaines de nids sur les monuments, les poteaux,...
Arménie  : un tout petit pays de 30 000 km2 (France 550 000 ) pour 3,2 millions d'habitants - un des pays les plus pauvres de la région. Très montagneux, peu de plaines, - le pays est enclavé, et en conflit avec 2 de ses 4 voisins, la Turquie et l'Azerbaïdjan, ce qui accentue encore ses difficultés. Des voitures Lada partout, pas vraiment en état.
A Gyumri, - troisième nuit en Arménie - je loge chez l'habitant - une femme prof d'anglais - rescapée du tremblement de terre de 1988. Elles étaient 6 copines attablées à la cantine quand l'immeuble s'est effondré sur elles. Elle a été dégagée inconsciente - 3 sont mortes. Son salaire mensuel est de 120 € par mois. Les séquelles de cette catastrophe dans l'Ouest du pays sont encore bien visibles et la région s'est beaucoup appauvrie - l'aide qui a suivi a surtout profité à la capitale.
Pour rejoindre la Turquie je suis obligé de repasser par la Géorgie (frontière fermée, cause de conflit) et je rejoins la Turquie par un petit poste de Douane, sans aucun bus des deux côtés. Le stop fonctionne plutôt bien. Un car de touristes français passait en même temps et devait me prendre à la sortie côté Turquie. Un douanier me signale qu'il vaut mieux pour moi ne pas les attendre - un problème de document empêchera le bus de passer. A ce moment là les passagers ignoraient l'incident.
Ma petite escapade de la Turquie m'aura fait séjourner 3 nuits dans chaque pays, de quoi satisfaire un peu ma curiosité, - deux pays très accueillants.
Turquie

 

Retour en Turquie

 

Il me reste environ 10 jours et mon attirance va vers le centre du pays (l'Anatolie orientale), - région très montagneuse, peu boisée - avec beaucoup de petits villages. Des troupeaux de vaches et moutons avec leurs gardiens partout dans la montagne. Je suis dans la Turquie profonde - les hommes installés à longueur de journée dans et devant les cafés, où l'on ne sert que du thé - aucune femme  !  J'en bois aussi beaucoup, et ... j'en paie peu. 
Il m'est arrivé d'être invité à manger 3 fois en 3 heures, alors que j'avais déjeûné 2 h avant - surtout quand un homme du village à travaillé quelques années en France - difficile d'en sortir. 
Je connaissais la bouse de vache comme combustible, en Asie, mais pas encore le fumier. Or ici, les "briques" de fumier séché remplacent le bois pour la cuisine et le chauffage (-20 à - 25 l'hiver). Les étables à l'ancienne sont plus ou moins enterrées avec une toiture végétalisée - sans électricité bien sûr. Pas très encourageant de boire le lait produit dans ces conditions (voir photos). Les maisons autrefois étaient construites sur les mêmes bases. Il reste quelques constructions de ce type avec fenêtres qui servent de dépendances.

Baigné dans les villages Kurdes, l'accueil est plus que chaleureux. Les habitants, - pardon, les hommes - sont fiers et revendiquent d'être Kurdes avant d'être Turques. Ils se disent non agressifs, ne revendiquent pas l'autonomie mais juste une reconnaissance de leur culture. Pour eux, les Turques et surtout les politiques sont très méprisants à leur égard. La langue kurde est bannie des écoles.

 

Il y a plusieurs Turquies, celle dont le niveau de vie est comparable aux Européens, toute la partie Ouest et la côte Nord - celle des campagnes, qui correspond à nos campagnes 50 ans en arrière - et toute la partie du Kurdistan, partie Est, qui représente près du tiers du pays. Cette dernière semble un peu délaissée des pouvoirs publics.
En négociation depuis plus de 10 ans pour son entrée dans l’Europe, la Turquie fait peur à plusieurs titres  : il deviendrait le plus vaste pays de UE, une population quasi équivalente à l'Allemagne, un pays qui se dit musulman à 99  % , une démocratie,... différente de la conception européenne ( !!! ), etc... Ce qui fait dire à certains qu'il est possible qu'ils attendent encore longtemps. Mais en attendant, le pays affiche une croissance à faire pâlir les Européens. A ce rythme là le niveau de vie des Turques peut rattraper celui des Européens en moins de 20 ans.
Un pays sans alcool - très agréable pour le voyageur - aucune personne ivre dans la rue. Mais par contre il est possible qu'il compensent par le tabac, - un des plus gros taux de fumeurs au monde.
C'est un pays agréable à visiter, aussi sûr que notre France, et très accueillant. Mes meilleurs souvenirs et rencontres auront été dans les villages Kurdes. Encore une fois l'image que l'on peut avoir d'un groupe ou d'une population au travers des médias peut être complètement faussée.