Bornéo

Du 16 février au 31 mars 2016

Mon circuit sur l'ile de Bornéo

 

Borneo 1 (26/2/2016)
Me voilà reparti pour 6 semaines à Borneo, - où j'ai l'impression de plonger dans une fournaise, .... 0 degré au départ de Paris,.... 30 degrés à l'arrivée. J'en suis presque à regretter le froid de la France.
Le timing des avions me contraint à passer une nuit à Kuala Lumpur. Et le hasard me conduit dans le quartier Chinois, - très bruyant, mais toujours sympa.
Je connais très peu la région que je m'apprête à découvrir. Je me suis surtout informé sur les visas d'entrée.
Bornéo, ...20 millions d'habitants, - une île plus étendue que la France, appartenant à 3 pays ; la partie Sud à l'Indonésie (73 % du territoire), la partie Nord à la Malaisie (26 % ), et un petit état sur la côte nord, le Sultanat de Brunei, grand comme un département français (1 % ).
Après 2 jours passés à Sandakan, sur la côte au nord-est de l'île, je plonge dans les terres. Comme d'habitude je me dirige au feeling. Pas d'hôtel dès mon premier soir. J'apprends qu'il existe des "Home stay", un intermédiaire entre hôtel et chambre d'hôte. Pas vraiment confort, mais je m'en contente.
La marche m'est pénible sous cette chaleur - 25 à 30 degrés - ressentie 35. J’imite les locaux qui se servent du parapluie comme ombrelle, - beaucoup plus efficace en effet que le chapeau. Les nuages sont des amis très chers. On me dit que c'est la saison sèche qui doit durer au moins jusqu'à fin mars.
Beaucoup de feux de forêt - naturels ou volontaires, je ne sais pas ? Les feux s'arrêtent d'eux mêmes - aucun accès pour intervenir. Avec les températures très élevées et souvent un sol tourbeux (combustible), les incendies peuvent durer pendant des semaines.
Des palmiers à huile partout !  Un des exemples les plus cités de déforestation de la forêt primaire. C'est une réalité que personne ne peut nier.  Mais,..... cette situation est dénoncée principalement par les pays riches,... qui achètent en priorité ce produit !
Loin de moi l'idée de justifier la déforestation. Les pays développés sont largement responsables de la pollution de la planète. Et, ils aimeraient contraindre des pays pauvres comme Bornéo à garder leurs forêts primaires - quasi improductives du point de vue économique - pour suppléer aux dégâts dont nous sommes responsables. OK, mais partageons la richesse mondiale comme nous partageons l'air pur et la pollution !
Autre constatation : la couverture végétale des plantations de palmiers à huile est largement supérieure à nos champs de céréales, et peut être comparable à la forêt française de basse densité.
Une portion de route sans bus. C'est la débrouille des locaux sans voiture pour se déplacer. Blabla-car et Uber n'ont rien inventé. Je fais confiance en suivant les passagers, sans toujours savoir où ils m'emmènent. Le stop fonctionne également très bien.
Au bout d'une semaine, ma perception de Borneo, territoire malaisien, est très différente de ce que je l'avais imaginé. J'avais en tête un pays moins développé, plus "sauvage".
L'accueil est excellent. Aucun problème de communication, beaucoup parlent anglais.
Après 9 jours de traversée plutôt chaude (thermomètre) j'entre dans le petit état de Brunei qui sépare le territoire malaisien.
Le décor parcouru : forêts (++)- plantations de palmiers à huile - quelques champs de riz et quelques plantations de bananiers. Aucun terrain nu, tout est végétation,..... c'est la jungle.
A bientôt pour d'autres nouvelles.
Bernard

Borneo 2  :  Sultanat de Brunei (prononcer Brouneye (3/03/2016)
Un des derniers régimes survivants de l'antiquité. La démocratie est un terme qui n'existe pas vraiment ici. Le sultan et sa femme sont en photo dans tous les commerces et bâtiments publics.
Une population de 430 000 habitants sur la superficie d'un département français. Nation musulmane assez stricte - pas d'alcool - interdiction de l'élevage de porc. Brunei possède la plus grande réserve de pétrole de l'Asie du Sud. C'est le principal, presque l'unique revenu du pays. Bien que le niveau de vie soit plus élevé qu'en Malaisie, ce n'est pas vraiment une chance pour le futur.
Contrairement à la Malaisie il n'y a pas de plantations de palmiers à huile sur Brunei. Très peu de terres cultivées et d'élevages.
La capitale, Bandar Seri Begawan - jamais entendu ce nom avant d'atterrir ici - est une ville à deux facettes. Une partie très moderne avec buildings, larges avenues et des rues marchandes à profusion. Une partie avec habitations sur pilotis, un maillage de passerelles en bois, avec déplacements en "bateau-taxi" pour rejoindre la terre ferme. C'est un peu la vieille ville et la nouvelle, bien que des "lotissements" récents avec de belles maisons sont entièrement construits sur l'eau. Il y a même des écoles. Pas vu la cour de récréation !
Une tentative de marche en forêt dès le deuxième jour, - à peine 500 m et je rebrousse mon chemin. Le sentier n'est pas assez clair, - avec des embranchements, ...trop dangereux dans la jungle sans guide.
Ça paraît sans doute incongru de voir marcher un étranger sous la chaleur que des automobilistes s'arrêtent pour demander là où je vais. Même pas besoin de lever le pouce.
Une dernière escapade avant ma sortie de Brunei. Je laisse mon sac à dos à l'hôtel de Bandar et je pars vers un point repéré sur la carte avec Google earth, une route qui finit dans la forêt. Un bus, deux voitures en stop, et me voilà arrivé 3 heures plus tard. Les villages repérés s'avèrent des hameaux dont la moitié des maisons sont en ruines. Pas d'hôtel bien sûr, juste un tout petit restaurant avec trois clients à la même table. L'étranger qui arrive avec un bâton de marche ne passe pas inaperçu. Et me voilà invité à m'assoir parmi eux. Qu'est ce que vous faites ici, et patati, et patata... Ils me conseillent même le menu à choisir. Départ des 3 clients - les 2 employés prennent le relais dans la discussion. Difficile de manger tranquille. J'en profite pour demander si je peux dormir dans la région.  Eh non, il n'y a pas d'hôtel ici ! Au moment de payer,... Non, non, votre repas est déjà payé par les clients d'avant, - non, pas possible ! - si si. Et si vous voulez il y aurait peut-être une chambre chez moi où vous pourriez dormir, ...il faut que je demande à ma mère...

 

Bornéo 3 (11/03/2016)
Retour en Malaisie, partie Ouest de l'île. Je retrouve les plantations de palmiers à huile et les feux de forêts. Triste spectacle avec la fumée au loin se mélangeant avec les nuages.
Depuis très longtemps j'avais envie de ramener des décos asiatiques pour noël. Problème, - je dois faire de la place dans mon sac à dos et abandonner des affaires personnelles.
Visite de Mulu cave : (caves qu'on appelle grottes en France). En pleine forêt primaire ou équatoriale, à 25 mn en avion ou 3 jours de bateau - aucune voie terrestre. Humidité de l'air près de 100  % - le linge ne sèche pas malgré les 30 degrés. Une des caves (chambre) mesure 700 m de longueur, 400 m de largeur et 70 de hauteur. Même si mon appareil photo est bon j'en vois les limites dans ces grottes. Sans doute la zone du globe avec la plus grande concentration de grottes. (voir sur Google Mulu Cave)
La grande cave abrite une population de chauve-souris estimée à 2 millions de têtes. Leur sortie groupée le soir fait penser au vol d’essaims d'abeilles.
Petite visite aux orangs-outans. Les seuls endroits où ils sont visibles sont dans des parcs où ils sont à l'état sauvage mais où on les a plus ou moins habitués en leur proposant de la nourriture.
A bientôt pour d'autres nouvelles, du côté indonésien de l'île.
Bernard

Borneo 4 (partie Indonésie) - le 30/03/2016
Passage de la frontière. Les bagages passent aux rayons X, je dois même retirer mes chaussures - comme dans les aéroports. De l'excès de zèle - alors que tous les locaux peuvent franchir par la forêt de chaque côté du poste.
Changement dans l'état des routes. Le décalage économique se ressent à tous les niveaux, - beaucoup plus pauvre. Je retrouve le monde de la moto.
Deux mariages traditionnels musulmans le même week-end. Je fais partie pour quelques instants de la famille et des amis, avec repas et vœux aux mariés et aux parents. Je ne les envie pas, - ils restent environ 3 heures sur le "trône" à regarder la famille et les amis manger et attendre qu'ils viennent leur serrer la main. Il n'y a pas de danse aux mariages. J'ai l'impression que c'est un honneur  pour eux d'accueillir un étranger.
Rencontre dans les familles sur le bord de la route. C'est dimanche et les gens sont disponibles, la barrière de la langue n'a pas l'air de les freiner. Les femmes musulmanes sont très à l'aise avec les hommes - rien à voir avec ce que j'ai connu dans d'autres pays (photos).
Une des femmes me touche le menton avec la main et ensuite se frotte le ventre. Grand rire autour. Hum  ! coquine ou non ? - En fait, elle est enceinte et ça doit porter bonheur à son futur bébé. Je ne pensais pas avoir des dons de cette nature. Invitation à dormir dans cette même famille, - aïe, j'ai déjà mon hôtel, - dommage. Petit remord après, - je me dis que je devrais accepter à l'avenir même en payant une chambre que je n'occupe pas.
Bornéo est au niveau de l'équateur, - ça vous tape directement sur le chapeau.
J'avais conscience que les distances et les temps de déplacement étaient longs dans la partie indonésienne de l'ile, mais pas à ce point. Je suis contraint de faire deux sauts de puce en avion si je veux boucler le tour de l'île dans les temps. A Samarinda (sud-est), j'entreprends de remonter le fleuve "Sungai Mahakam" le plus loin possible. Une journée de bus et 24 h de bateau, ...pour me rendre compte qu'il  me faudrait presqu'une semaine supplémentaire pour arriver à mes fins. La barrière de la langue, ajoutée au fait que les personnes me répondent sans avoir les notions de temps et de distances que nous avons chez nous font que j'avance un peu en aveugle. Ça ne me pose en général pas de problème, sauf quand j'approche de la fin du périple. Le voyage n'est pas moins attrayant pour autant, les rencontres sont toujours aussi intéressantes.
Le bateau ne s'arrête pas pour prendre ou descendre des passagers dans les villages. Il ralentit en restant au milieu du fleuve, et des petites embarcations viennent s'y coller en pleine navigation. Les passagers enjambent les deux bords pour le transfert, ....sans tomber à l'eau si possible. Handicapés s'abstenir. Le pilote ne quitte pas l’œil du fleuve, d'énormes troncs d'arbres sont à la dérive.
J'ai connu les toilettes au fond du jardin, mais ici c'est toilettes sur les rives du fleuve. Pas besoin de tout-à-l’égout. (Photo)
Toutes les villes en bord de mer s'étendent sur l'eau avec les maisons sur pilotis, - un peu comme des bidonvilles qui s'avancent sur plusieurs centaines de mètres sur la mer. Ce sont des quartiers plutôt pauvres où l'étranger y est regardé comme une bête curieuse. Je m'y sens tout à fait à l'aise et m'arrête pour boire ou manger. Ça excite la curiosité et  déclenche automatiquement un échange avec les habitants. Assez difficile de s'imaginer ces quartiers à partir d'une photo, il me faudrait un drone. Je n'ose pas imaginer un tsunami dans ces zones.

Les 3 pays parcourus sont en majorité de religion musulmane. Toutes les religions ont les mêmes fondamentaux : faire le bien autour de soi. Mettons de côté les extrémistes. Je me sens tout à fait en sécurité dans une famille musulmane, je n’ai aucun souci à me faire. Mais, une des particularités de l’islam est qu’il est quasi impossible de dissocier sa vie privée d’une responsabilité politique, avec pour conséquence un aboutissement à des états islamiques. Une grosse différence avec les autres religions : ce qu’il y a d’inscrit dans le coran n’est pas discutable, même écrit des millénaires auparavant. Si une discussion sur un sujet de société s’amorce et qu’il est contraire aux écrits du coran, le débat s’arrête immédiatement, -  un frein à toute évolution sociale des états islamiques. C’est une des raisons principales, non avancée officiellement, du refus de l’entrée de la Turquie dans l’Europe.

 Le voyage touche à sa fin, avec toujours une partie moins drôle qui m'attend, mais incontournable, - plus de 40 h d'avions - aéroports - gares - train - bus.