Philippines

Du 2 février au 2 mars 2015


Me voilà reparti parcourir le monde, et cette fois-ci à la découverte des Philippines, pour 4 semaines.
Un pays constitué de plus de 7000 îles, dont environ 2000 sont habitées, pour une superficie totale de 300 000 km2 (France 550 000), et une population de 100 millions d'âmes.
D’abord colonisé par les Espagnols, puis les Américains au début du siècle dernier et enfin, envahi par les Japonais pendant la seconde guerre mondiale, le pays était parmi les plus développés d'Asie à la sortie de la guerre. Sa situation a malheureusement bien changé, et comme beaucoup de pays pauvres, une corruption importante freine le développement économique. J'en ai été le témoin dès le deuxième jour en prenant deux photos d'un train dans la périphérie de Manille. Deux policiers m'ont accosté en demandant "vous avez un permis ? " - comment ça un permis pour prendre un (vieux) train en photo ? - "venez avec nous à l'office des trains, il vous faut un permis". J'ai bien sûr refusé, - "c'est bon j'arrête de prendre des photos de trains". Je me demande si la prochaine fois, je ne tenterais pas de répondre que je vais demander l'avis de l'Ambassade de France, ...juste pour voir la réaction.
Du fait du passage des Américains dans le pays, l'anglais est une des 2 langues officielles, - un bien pour une ouverture sur l'extérieur,... et pour le touriste que je suis.
Le premier jour, je marche 19 km dans les rues de Manille, en privilégiant les bas quartiers près du fleuve. C'est la plongée directe dans la vie des Philippins. Pas de mendicité où je passe. Je suis vigilant pour ne pas me laisser entourer d'enfants et être soupçonné de pédophilie. Mes 2 premières nuits dans la capitale, je les passe dans un petit hôtel pour Philippins,....10 hommes dans un dortoir de 15 m2. Supers échanges, mais mon sac à viande me sert de coffre-fort pour la nuit et le petit sac à dos me suit dans la douche.
En rejoignant mon bus, tôt le matin au départ de Manille, je frôle beaucoup d'enfants qui dorment sur le trottoir, un simple carton en guise de matelas. Le caniveau fait office de WC,...bien triste tableau.

Un dortoir à chauve souris, - des milliers.

De la taille d'un corbeau, elles prennent leur envole à la tombée du jour pour aller se nourrir de fruits. Les Philippins mangent ces petites bêtes. J'étais prêt à y goûter mais l'occasion ne s'est pas présentée.


Philippines 2
J'ai toujours autant de difficultés pour me connecter à Internet et donner de mes nouvelles. Il m'arrive de me connecter sur un bus par wifi, mais cela ne dure pas très longtemps.
Mon itinéraire depuis le départ - de Manille : j'ai fait le tour de la grande île du Nord (Luzon) en passant par les montagnes du centre, redescendu sur Manille par la côte ouest, pris un bus pour Tacloban (île de Leyte au sud-est) - 24h de bus. Assez pénible, mais c'est la vraie vie des Philippins.
Séjour dans un village (Baggao) au nord-est de Luzon. Vers 14 h, je marche sur une route/piste, - au bout d'une demi-heure, je me retrouve au sein d'une famille pour le reste de la journée. L'homme a travaillé 6 ans en Arabie Saoudite et maintenant cultive le riz, - 2 récoltes par an, - la femme est institutrice. Ils ont la garde de leur adorable petite fille de 2 ans dont la mère est partie travailler en Israël pour quelques années, - une situation très répandue ici. Le père de la petite ? - disparu !
Le lendemain, je loue un vélo pour la journée et m'enfonce dans les terres, jusqu'à ce que mon vélo ne puisse plus passer, - dur dur pour le postérieur, - les pistes sont boueuses et très bosselées.
Le riz est planté à la main. 15 personnes plantent 1 ha en une journée, - pour un salaire de 4 euros par jour. L'institutrice perçoit 280 € par mois.
En dehors du travail dans l'administration et de quelques professions rémunératrices, l'eldorado consiste bien souvent à aller travailler à l'étranger. Mais le niveau d'études est important pour avoir des chances de décrocher un job. Les Philippins ont la réputation d'être très travailleurs et très sérieux. Après mon séjour dans les pays arabes pétroliers en novembre dernier je découvre l'autre facette du travailleur immigré dans son pays.

Je ne me lasse pas de visiter les rizières en terrasses, et spécialement celles de Banaue, c'est vraiment un spectacle magnifique. Mais "bonjour" les genoux ! .... des marches de 30 cm de hauteur. Pour accéder d'une parcelle à l'autre il faut souvent emprunter le haut du muret de 15 à 20 cm de largeur avec des dénivelé jusqu’à 10 m, - les êtres sujets aux vertiges, s'abstenir.

La sculpture de cette montagne remonte à plus de 2000 ans.

Sur la côte est, je m'arrête à Laoag et je m'éloigne à 1 h de jeepney (bus-jeep) pour atterrir à Solsona. Un seul hôtel - trop cher à mon goût pour le village. Je me mets en tête de chercher un logement chez l'habitant. J'en trouve un, mais le boss ne sera pas là avant 3 h de l'après-midi. Il est 11h et je décide de repasser si je ne trouve rien d'ici-là. Je laisse mon sac à dos dans un petit commerce et je m'enfonce à pied dans la campagne le long d'une petite rivière. Bonjour, bonjour - un accueil étonné mais très sympa. Le sentier s’avère un cul de sac. Je reviens sur mes pas et je me retrouve à une table avec une famille où,… je resterais 3 jours - logé, nourri, et même blanchi. Le top du top, sans rien demander. Leur travail consiste à collecter des bouteilles vides dans les villages aux alentours, les laver et les revendre à un grossiste. Aucune machine, tout s'effectue à la main dans l'eau de la rivière. Cette dernière fait également office de salle de bain pour la famille. Rencontre avec les parents, les cousins, - je fais partie de la famille et j'aide dans presque toutes les tâches. Pas de richesse mais un cœur gros comme .... J'ai droit à toute l’histoire de la famille, les moments difficiles de leur vie. Ils élèvent une quinzaine de coqs pour les combats, - autour et sous la maison, faite de planches et tôles rouillées. Un vacarme 24/24. Le loisir du soir : karaoké, avec un appareil acheté d'occasion. J'appréhende mon départ - ils veulent que je reste plus longtemps. Beaucoup d'émotion, - et, un souvenir inoubliable, - des deux côtés.

Une question qui revient assez souvent du fait que je  voyage seul : "Vous avez une femme ici ?"

Un homme étranger voyageant seul a automatiquement une femme dans ce pays. Eh bien non, je n'ai pas de femme. Et pourquoi ? Ben, ce n'est pas le but de mon voyage. C'est dommage, ...parce que vous prenez une femme ici et vous êtes sûr qu'elle s'occupera de vous jusqu'à la fin de vos jours. Aaah,... Il faudra que j'y réfléchisse, .....peut être que ce serait moins cher que nos maisons de retraite en France !!

Moto-taxi appelée "habal-habal", surtout utilisée dans le sud. - nombre de passagers illimité (ici 6 personnes). La traduction exacte est  : "cochons qui copulent", en raison de la position des passagers collés les uns aux autres.


La plupart des routes sont en béton et en perpétuelles réparations. Peu de lignes droites, - et on double souvent du côté où il y a de la place. La topographie et le morcellement du pays reste un gros handicap au développement économique.
Je suis stupéfait par la vision que l'on nous donne des Philippines dans les médias. A l'exception d'une petite partie à l'extrême sud, tous ceux qui y ont séjourné ne peuvent décrire qu'un peuple très doux, non agressif, très aidant pour l'étranger et... honnête. Je doute que le Français donne la même image pour le touriste étranger.