Mexique (partie 1)

Email posté le 11 avril 2012

Bonjour à tous,
Je suis depuis près de 15 jours au Mexique et cela me change des autres pays visités - les distances sont impressionnantes, environ 3000 km d'une extrémité à l'autre. Le voyage est de ce fait un peu plus difficile - et, surtout après Cuba.
La superficie est de 4 fois la France pour quelques 110 millions d'habitants - Mexico en compte 23 millions avec sa banlieue. Mais finalement c'est une ville où il est relativement facile de "naviguer" grâce à son métro. Les rues sont envahies de vendeurs à la sauvette, sur le pavé, sur les trottoirs - cela en fait une ville très bruyante. La nourriture est à profusion - surtout après Cuba. Juste demander
"non piquante" sinon, c'est immangeable.
Impossible de retirer de l'argent au début au distributeur automatique et les banques sont fermées le weekend bien sûr. Le lundi, je demande de l'aide au guichet d'une banque, et, pas de problème - sauf que je demandais trop et le distributeur automatique ne dit rien - il serait même capable d'avaler ma carte au troisième essai.
J'y suis resté 3 jours avant de me décider à prendre le large vers le nord - d'abord la frontière avec les USA, à Ojinaga, où je voulais ressentir l'ambiance locale. C'est tout simplement la même vie qu'aux USA avec les gros 4x4, plus ou moins déglingués, de larges avenues avec des espaces entre les constructions ce qui fait que la voiture est indispensable. Je me sentais un peu seul comme piéton. En fait il n'y a pas de vie dans ce type d'endroit.
Mon objectif au nord était le Canyon de la Barranca Del Cobre où j'ai séjourné une semaine, en plusieurs endroits. C'est une série de plus de 20 canyons, larges, et pour certains plus profonds que le Grand Canyon au USA. Celui d'Urique atteint une profondeur de 1880 m et le village est tout au fond. On y descend en minibus - splendide vue dans la descente, mais le stress est d'un bon niveau également avec aucune  protection au bord des ravins. J'y resterais 3 nuits très calmes avec des marches dans la journée.
C'est le territoire des Raramuris, l'un des plus grands groupes d'Indiens du Mexique. Ils sont chez eux, font partie du paysage et c'est bien agréable. Par contre, dans les grandes villes du nord on les retrouve aux feux à faire la manche avec les enfants - l'image est différente.
Le paysage est plutôt triste au nord - c'est assez désertique et les terres cultivables sont nues. Beaucoup de ranchs et peu de cultures. Au nord de Mexico, l'agriculture semble le parent pauvre avec des petits troupeaux et un gardien avec son chien. Il serait intéressant de revoir ces régions à une autre période de l'année, avec des paysages sans doute différents. L'avantage de cette saison est la bonne température pour voyager.
Je redescends progressivement vers Mexico en m'arrêtant dans un petit village de pêcheurs - une île - comme le Mont St Michel, mais plate. Aucune voiture, mais chaque famille a au moins un bateau à quai. Ils vivent de la pêche à la crevette. C'est dimanche et j'assiste à la messe où une jeune fille fête ses 15 ans.
Au Mexique et dans toute l'Amérique centrale, la cérémonie des 15 ans des jeunes filles est presque aussi importante qu'un mariage. C'est le passage du statut d'adolescente au statut de femme. Même tenue qu'un mariage - passage à l'église - album photos - repas de famille et amis - bal en plein air avec orchestre, où dans les petits villages tout le monde est invité. J'ai assisté à un bal des 15 ans dans le petit
village d'Urique au fond du canyon. Il y a tout un rituel avant le bal où la jeune fille danse avec 15 garçons choisis par elle. J'aurais pu danser sans problème. La danse n'est pas très variée - des marches rapides, sur place, en tournant peu - des valses non tournées, sur place également. Sans doute y avait-il d'autres danses mais pas
pendant le temps de ma présence. Le fait de ne pas beaucoup se déplacer pendant la danse évite la poussière, - on n'est pas sur un parquet.
Les cadeaux sont également de mise, et dans les familles riches on offre un séjour en voyage organisé en Europe. Des organismes sont spécialisés dans ce type de voyages avec des charters de jeunes filles de 15 ans. Pour certaines également c'est l'occasion de se faire refaire le visage et regonfler la poitrine !!!
On a du mal à voir cela de chez nous, mais il faut s'imaginer qu'ici la jeune fille est plus précoce qu'en Europe.
Je suis revenu à Mexico et m'apprête à repartir vers le sud. J'en profite pour vous envoyer ces petites nouvelles, et peut être quelques photos, si le matériel veut bien fonctionner.
A bientôt
Bernard

 

Mexique (partie 2)

Email posté le 24 avril 2012

Mon voyage touche à sa fin et j'ai hâte et retrouver la vie en France. Je ne parle pas des élections bien sûr. Les bonnes choses ont toujours une fin et si on les prolonge démesurément on les trouve plus fades.
Après avoir visité le nord du Mexique j'ai cherché des endroits qui pouvaient m'intéresser dans le sud. Les guides privilégient les sites sur les temples Mayas - souvent des ruines - ou les plages touristiques sur la côte nord et l'est. Je suis sans doute hors norme - mais ce qui m'intéresse dans tous les pays que je traverse est la vie des gens. Qu'ils soient riches ou pauvres, tout m'intéresse. Je remarque souvent qu'il est plus facile de rencontrer les pauvres que les riches. En prenant le sujet
différemment, le pauvre est plus ouvert et plus intéressé par rencontrer l'étranger que le riche.
Direction Oaxaca dans l'état de Tabasco, en bordure du Guatemala. Une ville coloniale jolie - qui ressemble aux autres villes coloniales. J'en ai vite fait le tour. Je loge en dortoir et les voyageurs échangent leurs itinéraires et leurs découvertes plus ou moins intéressantes. Et, c'est comme cela que je suis parti en direction de San Cristobal de Las Casas dans l'état de Chiapas (au sud). Il me fallait être le dimanche matin á San Juan Chamula pour l'animation locale - à 10 km environ de San Cristobal. C'est un village avec une pratique religieuse unique - un mélange de catholicisme et de croyances anciennes. L'église est dépourvue de bancs et le sol est recouvert d'herbe à demi-sèche. Des centaines de bougies un peu partout au sol et les habitants qui prient à genou ou assis par terre. Un petit nuage d'encens et de fumée de bougies crée une atmosphère particulière. Quelques offrandes au sol - il n'y a aucun ordre et il
faut se faufiler entre tout cela pour visiter l'église. Interdiction absolue de prendre des photos ....... dommage !
Le village est principalement habité par une ethnie tzotzile, avec les femmes habillées de jupes très épaisses en laine noire, avec un haut de couleur. Quelques hommes revêtent une tunique en laine, noire ou blanche, par dessus une tenue classique - certains sont habillés d'une robe écru en toile avec les jambes nues .... très étrange. Le dimanche matin est également le jour du marché hebdomadaire et cela donne une image unique qui vaut le détour. (voir photos - souvent volées car les femmes n'apprécient pas d'être prises en photo)
Le même jour je visite un autre village - San Lorenzo Zinacantan - à 8 km environ. J'avais loué un scooter pour 3 jours afin de visiter en toute liberté cette petite région. Bien que tout proche, les habitants de ce nouveau village revêtent une tenue complètement différente (photos). L'animation devait être l'église - avec une pratique un peu différente - et le marché.
Mais, comme en France, les évènements ont modifié le programme de la journée. Le Mexique est en période pré-électorale et j'ai assisté à un meeting politique. Ce n'était pas inintéressant - bien que je ne comprenais pas le discours du politicien. Avec le nombre de mains levées cela donnait l'impression que le public était acquis aux idées
exprimées.
La veille, au cours d'une balade en scooter, j'aperçois un attroupement - je stoppe bien sûr, et je m'approche discrètement. J'apprends que c'est un mariage "indien". Comme je ne suis pas curieux,... mais un peu quand même ! - je m'approche et essaie de discuter avec le peu d'espagnol que je possède. L'espace est en plein air couvert avec des bâches. Je comprends qu'un des hommes du groupe avec lequel je discute est de la famille proche et il a une expression plutôt joyeuse quand il apprend que je suis Français. Dix minutes plus tard, une assiette m'attend à une table, et après un refus - pour la forme - me voila assis avec les invités. Je ne pouvais imaginer meilleure situation. Le menu : une soupe avec de gros légumes et un morceau de viande de bœuf au fond - une petite part de gâteau et,..... un coca (ou soda). Comme couvert, une cuillère - c'est à dire que l'on mange la viande à la main. D'où je me trouvais à table je ne voyais ni les mariés ni les musiciens. A la sortie de table, je n'ai pas pu trouver de mariée à photographier - peut être est-elle sortie par un autre endroit ?
Le déroulement d'un mariage - pour cette communauté : l'église, suivi du repas accompagné par un groupe de musiciens - et... c'est terminé. Je n'ai pas réussi à savoir s'il y avait un passage en mairie comme chez nous.
San Cristobal est une ville coloniale très bien conservée - très touristique - dans une région montagneuse, à 2100 m d'altitude. Les soirées sont plutôt fraîches et les balades en montagne essoufflent vite. Les paysages sont magnifiques avec les maisons éparpillées dans la montagne.
Comme partout, les ethnies indiennes qui peuplaient la région ont été progressivement repoussées dans les montagnes, où elles ont défriché et cultivé les parties les moins pentues - pour le plaisir des yeux. On peut bien sûr regretter la diminution de la forêt - mais dans le cas présent les premiers responsables ne sont peut être pas les défricheurs.
Direction Palenque, avec la visite d'un important site Maya datant du 7 ème siècle, entouré d'une jungle primaire. Retour sur Mexico où je visite Teotihuacan, "la cité où les dieux sont nés". Un site archéologique classé comme le plus grand de toute
l'Amérique avec sa Pyramide  du Soleil - 70 m de hauteur et 222 m de côté - et la Pyramide de la Lune. C'était la capitale du plus grand empire précolombien. (photos)
Ainsi se termine ma petite aventure en Amérique Centrale. Enfin presque, car je viens d'apprendre que mon avion est annulé pour cause de grève. Mais je compte bien vous revoir sous peu.

A bientôt.