Panama

                      Itinéraire en noir

Bonjour à tous,

Me voilà reparti pour un périple de 3 mois environ en Amérique centrale. J'ai atterri lundi soir, 17 janvier, à Panama et j'ai l'intention de remonter tranquillement jusqu'au Mexique. Au programme 8 pays, le Panama, le Costa Rica, le Nicaragua, le Honduras, le Salvador, le Guatemala, Belize et le Mexique. Entre intention et réalité, il y aura sans doute quelques modifications en fonction des rencontres, des évènements et des ressentis, car c'est une région pas toujours bien sécurisée. J'aviserai sur place et en fonction des infos glanées auprès d'autres voyageurs. Je voyage seul, comme à l'accoutumée, en utilisant les moyens de transports locaux - je sais rarement où je couche le soir suivant.

Je suis parti de Paris avec 3 degrés au thermomètre pour sortir de l'avion à Panama à 30 degrés environ. C'est bien, mais le corps à besoin de quelques jours pour s'habituer à cette chaleur humide. J'ai eu quelques difficultés que j'attribue également à la ventilation permanente en plafond qui m'occasionnait un léger mal de tête. Un peu de temps également pour retrouver mon anglais (manque de pratique), à défaut de l'espagnol parlé dans toute cette région. Mais maintenant tout est OK et je prends plaisir à cette vie de baroudeur.

Le Panama est tout en longueur et environ 8 fois moins étendu que la France. Il est en partie recouvert de forêts difficiles à pénétrer et compte 3,5 millions d'habitants. J'arrive à la saison sèche, la meilleure pour voyager ici. Mais tout est relatif quand on sait que la pluviométrie annuelle est de 3 m côté Caraïbes et 1,50 m côté Pacifique (70 cm en Mayenne). 

Ils utilisent le dollar américain comme monnaie.

Panama City, la capitale, comme toutes les villes à croissance très rapide, est un mélange de tours modernes et maisons très anciennes plus ou moins délabrées. Sa population est à la même image. C'est un pays qui s'enrichit très vite avec les retombées pécuniaires du canal qu'ils gèrent à 100 % depuis 1999. Les Américains l'ont géré (envahi) de 88 à 99 suite à des troubles politiques qui auraient pu avoir une incidence sur le commerce mondial. 5% du commerce mondial passe par le canal. Mais les bateaux sont de plus en plus gros et il est trop étroit aujourd'hui. Un agrandissement à été entrepris en 2007 et devrait être opérationnel en 2013. 

En 2011, environ 14000 bateaux sont passés par le canal.

A l'origine, pour éviter de creuser sur les 80 km qui séparent les deux océans, les ingénieurs ont imaginé de créer des barrages de retenue des cours d'eau vers la mer. Ainsi, la partie la plus basse s'est retrouvée inondée en formant un grand lac rejoignant presque les deux rives. Il a suffit de creuser ensuite (ou plutôt avant) les parties les moins profondes et d'y construire des écluses pour franchir les dénivelés. Ça parait simple, si l'on oublie les dimensions et la période où le canal à été construit - une porte d'écluse fait jusqu'à 25 m de hauteur.
Je visite 2 sites d'écluses sur les 3. Myraflores, à 15 km de Panama city - c'est bien, mais trop de monde et le niveau supérieur de la plate-forme d'observation est fermé pour raison de travaux. J'envisage de visiter l'écluse de Gatun à l'autre extrémité du canal, côté Caraïbes. Pour cela, je prends le seul train du pays qui relie les deux extrémités du canal - beau spectacle - je me revois en Amazonie. Une nuit d'hôtel à Colon, ville proche de l'écluse - 44 $ la nuit - ce n'est pas mon genre de budget mais je n'ai pas le choix car c'est une ville dangereuse où l'on conseille aux étrangers de prendre le taxi pour faire 200 m. Je suis quand même allé en ville par deux fois et manger dans les restaurants de rue - aucun sac, une tenue adéquate et une barbe de 3 jours. Aucun problème mais on sent par moment des regards qui n'invitent pas à aller dans des zones de la ville un peu plus désertes - pas question de sortir l'appareil photo. A l'opposé de Panama city, c'est une ville très pauvre. Je garde un meilleur souvenir des écluses de Gatun - peu de monde et on surplombe presque les bateaux qui traversent. Comme pour Myraflores, les bateaux frôlent les bords des écluses et sont maintenus au centre du canal par 4 locomotives à l'avant et 2 à l'arrière (voir photos). Pour améliorer la visite' j'ai un chauffeur de taxi qui a sans doute du temps et m'emmène visiter les alentours des écluses avec une traversée du canal au niveau du bas des portes - impressionnant - et le barrage qui régule le niveau du lac artificiel. 

Les taxis sont très utilisés à Panama et sont bons marché - 1 dollar pour 2 à 3 km en ville.

Je dors la plupart des nuits dans des petits hôtels, en dortoir pour 8 à 15 dollars, et mange le plus possible dans les petits restaurants ouverts sur la rue, le plus possible avec les locaux - 2 à 4 dollars le repas - une simple assiette composée de riz, viande et légumes - c'est parfait et équilibré.
Au moment où j'écris je me situe dans la région de David, à une cinquantaine de km de la frontière du Costa Rica, et j'envisage traverser la frontière sur la côte Caraïbe.

Bernard

Bonjour à tous,

Je vous ai quitté à David (à l'ouest du Panama) où je ne suis resté qu'une nuit dans une pension Costaricaine - confort primaire mais sympa. Le dimanche - direction Boquette à une heure de bus au nord, village signalé comme touristique. J'arrive le dernier jour de la fête des fleurs qui dure 10 jours - une manifestation haute en couleur avec fête foraine, mais point de défilés de chars comme chez nous. C'est magique pour découvrir la population locale. Cette fête était à l'origine la fête du café, et, à part un grand stand destiné au développement de l'agriculture locale - plutôt désert - on ne voit pas grand chose sur cette production, alors qu'elle est bien présente sur les hauteurs.

Je resterais 3 jours à Boquette - 3 grandes ballades sur les hauteurs environnantes, où je découvre les plantations de café, des plantations d'oignons et des serres de tomates. Les hauteurs sont habitées par une population indigène appelée Ngnöbe (nobé en français) (voir photos). Cette population travaille dans les plantations de café. Ce sont des gens très pauvres, très complexés quand ils se trouvent avec la population locale. Ils restent à l'écart à observer les alentours. Les femmes sont vêtues de robes de couleurs vives et les enfants en sortie sont souvent chaussés de bottes noires, sans doute les seules chaussures qu'ils possèdent.

Il me semble qu'il sera difficile pour cette population de sortir de cette "misère". La solution ne pourrait venir que de l'extérieur, tant le complexe d'infériorité semble fort.

Cette petite région est envahie par les retraités américains, qui ont trouvé ici un lieu de retraite paisible avec un climat très tempéré. Les belles villas poussent comme des champignons. 

Direction Changuinola, près de la frontière nord avec le Costa Rica où je trouve un hôtel négocié par un local.

Le principal attrait de cette ville est les milliers d'ha de bananeraies qui l'entourent. Je m'y enfonce dès le premier soir - personne - tous les travailleurs sont partis. Le lendemain, l'objectif est de trouver les travailleurs en besogne, et je ne serais pas déçu. Un étranger en plein milieu de la plantation, ça parait étrange au début, et quand je dis que je suis Français les visages se détendent. La récolte est un travail très physique avec des régimes très lourds et un sol chaotique. Le tronc du bananier est en partie sectionné pour faire descendre le régime à hauteur d'homme - des bandes de caoutchouc mou sont insérées entre les grappes de bananes pour les protéger des frottements pendant le transport, et le régime est transporté à dos d'homme jusqu'au convoyeur qui quadrille la plantation. Je me suis permis de suivre le convoyeur jusque dans le local de conditionnement. Je demande rarement la permission, c'est souvent la meilleure façon de ne pas essuyer des refus - ensuite sur place le sourire et le "passeport" français font souvent le reste.(photos ++)

Le 27, passage au Costa Rica. Les deux frontières sont séparées par un pont qui prend de l'âge et où les semi-remorques passent au milieu des piétons.