Iran

Du 28 septembre au 9 novembre 2016

               Itinéraire en rouge     (Cliquer pour agrandir)

Me voilà reparti pour 6 semaines en territoire iranien. De grands yeux pour certains quand j'annonçais ma destination - .... t'as pas peur ?
Arrivé à l'aéroport à 3 heure du matin, - 1 heure pour le visa, - 2 heures semi allongés sur les fauteuils - change de monnaie - petit déjeuner, -  et me voilà prêt à découvrir le pays. Je décide de ne point affronter la fourmilière de Téhéran en premier et cherche un transport pour rejoindre Saveh, une ville à environ 100 km vers l'ouest. Pas de bus, seulement des taxis. Je tourne un peu en rond, demandant à droite et à gauche. Certains sont prêts à m’emmener - je sens la bonne affaire pour eux. Je ne parle pas le persan et la compréhension est difficile pour connaître le tarif demandé, d'autant que je ne connais pas encore l'échelle des prix. Un employé de l'aéroport, en combinaison de travail, me propose pour 5 €. J'entends à côté - "mais, il n'a même pas de voiture". Tant pis, je décide de lui faire confiance. Après une demi-heure, nous sortons de l'aéroport à pied, un signe à une voiture qui passe et nous voilà partis. Une quinzaine de km - arrêt - il paie le chauffeur, et me fait entrer dans "sa" maison. J'attends une minute dans l'entrée - sans doute le temps pour sa femme de remettre son voile - et me voilà parmi la famille. Mon hôte (50 ans), sa femme, un de ses fils (30 ans), et deux de ses petits enfants de 5 ans. La femme nous sert un petit déjeuner au sol (tapis) - composé de pain en feuille de pâte alvéolée, du fromage à tartiner, du beurre, et un thé saturé en sucre. Le fils parle quelques mots d'anglais, ce qui facilite la relation. La maison est simple, très décorée - tous les sols sont recouverts de tapis.
Mon hôte sait que ma destination est Saveh - je comprends que c'est "sans doute" son fils qui doit m'emmener. J'attends. Je fais confiance. J'attendrais ainsi jusqu'à 14 h. Entre temps, il y aura eu 2 services de thé, un plateau de fruits et un déjeuner. Après une nuit blanche dans les avions, je ne tenais plus éveillé et j'ai demandé à m'allonger. Deux couvertures sur le sol, un oreiller et me voilà dans les conditions pour dormir à l'iranienne pendant 1 heure 30 environ.
Sur le trajet, le fils cherche d'autres passagers, qu'il fera payer. C'est l'équivalent d'un taxi non déclaré.
Pas banal cette première journée en Iran !

 

Troisième jour, j'achète un forfait internet dans une boutique, ... le vendeur me l'installe sur mon téléphone, ... avec difficulté. C'est l'heure de la fermeture de midi et, je me retrouve dans la famille pour le déjeuner. Extérieurement le bâtiment ne paie pas de mine, mais l'intérieur est un petit cocon. En se quittant il m'offre un exemplaire du coran - en arabe !!! - et,... je ne me sens pas le droit de refuser. Je le laisse à l’hôtel avant mon départ.
Ghorveh : nous sommes en pays Kurdistan. Ils se disent Kurde avant d'être Iranien. Les décennies n'ont pas effacé leurs racines. Certains rêvent sans doute encore de retrouver une identité géographique historique - pourquoi pas.
Visite d'une petite ville, Kerend, à 70 km de la frontière Iraquienne. Je subis 3 contrôles de police en une matinée. Daesh est soupçonné s'infiltrer dans cette partie de l'Iran - et les étrangers sont rares dans cette région. Petite difficulté, je suis à 30 km de mon hôtel et, en Iran on laisse son passeport à l'hôtel. J'avais seulement une copie sur moi, et pris soins également de prendre en photo le tampon de mon visa et de noter le nom de mon hôtel. Un contrôle on ne peut plus stricte pendant une heure au poste de police - et, par téléphone interposé pour la compréhension en anglais. Des policiers extrêmement corrects. De retour à l'hôtel, le premier geste de l'hôtelier a été de croiser les deux poignets en guise de questionnement pour simuler le passage des menottes. Aucun stress de ma part, je n'avais rien à me reprocher, - et au final, la découverte du fonctionnement d'un poste de police en Iran.

 

 Monnaie : il serait temps pour eux de redéfinir l'échelle de valeur par rapport aux autres monnaies. Un euro équivaut à 40000 rials, ce qui fait que je transporte quelques 20 millions dans mes poches. Le voyageur étranger en Iran est un petit transporteur de fond - il a sur lui la totalité de son budget voyage. Les cartes de crédit étrangères et les chèques voyages ne sont pas encore acceptés.
Un transport en bus assez compliqué pour les étrangers, avec des gares routières dispersées dans les différentes parties des villes, - auxquelles s'ajoute la barrière de la langue.
Si j’achète quelque chose, très souvent je dois insister pour payer - l'iranien voulant faire son petit cadeau à l'étranger. La France est très très bien perçue dans le pays.

 


Direction le sud ouest, vers Awaz, à 450 km. Arrivée à minuit. Taxi avec un jeune local et hôtel très bas de gamme pour le reste de la nuit.
La température d'automne que j'avais jusqu'ici, autour de 15 -20 degrés, me convenait parfaitement. Les 40 degrés ici vident les rues entre 13 et 17h. A partir de 17 - 18 h elles s'animent à nouveau, - jusqu'à 23 h environ.
Le hasard d'une balade, - comme d'habitude - me fait rencontrer un groupe d'hommes d'origine Iraquienne qui célèbre l’anniversaire du prophète ‘Muhammad Hussain’ qui a vécu vers le 13 ème siècle. J'avoue que je n'ai pas tout compris et je suis loin d'être un spécialiste de l'histoire de la religion musulmane. Pendant la journée ils préparent la cérémonie et le repas du soir - 5 à 700 repas. Je passe 2 heures avec le groupe le midi en partageant leur repas, et je reviens (invité) le soir pour la "commémoration". C'est une cérémonie religieuse suivit d'un repas simple. L'endroit ressemble à une mosquée de plein air entourée de mur, - des tapis sur tout le sol. Très décontracté au début, puis viennent des lectures du coran pendant 30 à 45 mn, - le prêche d'un imam pendant plus d'une heure, suivi des prières à genoux tournés vers la Mecque. La cérémonie se termine par des chants accompagnés d'un geste rythmé de la main sur la poitrine. Et enfin, place au repas, ...très simple. Assistaient à la cérémonie environ 250 personnes, exclusivement des hommes, - quelques enfants. J'apercevais quelques femmes à l'extérieure, elles repartaient avec des repas pour la famille.
Je n'ose pas imaginer un musulman qui relirait mon interprétation visuelle de la soirée. J'étais parmi tous les hommes. Je n'ai bien sûr rien compris au prêche mais le ton est comparable à ce que j'entendais (autrefois) à l'église. Retour à l'hôtel à 1 heure du matin, - accompagné.
Loin d'être en accord avec certaines règles de vie, principalement sur la place de la femme, les musulmans me donnent souvent une leçon de générosité. En France, nous associons très vite un fait divers "aux musulmans" lorsque l'auteur est de religion musulmane. Faisons nous de même lorsqu'il s'agit d'un catholique ?

 

L'Iran, 80 millions d'habitants pour une superficie de 3 fois la France. Un sous-sol gorgé de pétrole. Or Israël, et malgré les mesures d'embargo imposées par les pays occidentaux pendant plus d'une décennie, l'Iran est le pays le plus développé du Moyen-Orient. Avec leur niveau d'éducation, et, si la démocratie s'installe il pourrait rapidement compter parmi les nouveaux pays émergeants. L'image que l'on peut en avoir vu de France au travers des médias est irréelle. L'accueil de l'étranger est un modèle et la sécurité y est meilleure qu'en Europe.

 


Visite de Persépolis. Un site qui date de 500 ans avant JC. Inimaginable l'ingéniosité que les bâtisseurs avaient pour créer ce type de construction, avec des colonnes de 19 m de hauteur. Les fresques sont en excellents états.  Beaucoup de groupe français.

 

Je sature un peu des grandes villes où je retrouve la société de consommation avec ses centaines de magasins. Ici, les centres villes ne se désertifient pas encore. Alors, je pointe sur ma carte une toute petite ville, Fasa, dans l'espoir de découvrir à pied la campagne environnante. Google satellite est un excellent appui pour cela, faisant découvrir le type de nature dans une région. Hôtel trouvé, je mange un sandwich au premier "restaurant de rue", et je pars à pied comme j'en ai l'habitude en prévoyant traverser deux villages pour une quinzaine de km. A peine sorti de la ville une voiture s'arrête et me fait un signe de la tête si je veux bien monter. C'est l'attitude des faux taxis en général. OK, but no monnaie ? - "no, no". La barrière de la langue réduit les échanges dans la voiture. Arrivé au premier village je ne dis rien, je me laisse conduire. La voiture s'arrête devant une maison où, je suis invité à entrer. Très peu de parole, - des gestes pour me faire comprendre que je suis invité à déjeuner. Conversations par téléphone interposé. A la fin du repas je suis invité à faire une sieste. Invitation que je décline, - j'ai prévu marcher pour découvrir la vie locale. Invitation à dormir ce soir, - "mais monsieur, j'ai mon hôtel qui est payé" ! En plus, ce que je ne peux pas lui préciser, est que c'est une vraie suite de 40 m2 pour ... 20 €. Je ne l'ai pas choisi, je l'ai découvert en entrant dans la chambre. Je fini par accepté. Ballade à pied le reste de l'après-midi et retour le soir par taxi vers 20 h. La soirée commence par une livraison, quelques courses, et une visite de la ville de nuit. Au repas, sa femme mange seule dans sa cuisine et les deux petites filles, 8 et 2 ans, avec nous sur un tapis plastique au sol. Google translation aidant, nous nous couchons à minuit passé. Le lendemain, réveil à 6 h, petit déjeuner iranien. Je ne connais rien du programme qui m'attend, mais je sens qu'on ne va pas me lâcher comme cela. On commence par la visite de ses parents, agriculteurs à la retraite, mais toujours en activité, - visite de son lieu de travail, - une exploitation agricole avec production d'oranges, de citrons et de grenades. Une quinzaine de personnes occupé à nettoyer, calibrer et préparer les expéditions d'oranges dans tout le pays. Au contact avec les travailleurs je comprends que mon hôte a quelques responsabilités dans l'entreprise. Visite, thé avec un petit groupe, et il me faut promettre de revenir pour le déjeuner chez ses parents. Je repars à l'arrière d'une moto d’une autre personne, sans connaître le programme que m'a à nouveau concocté. Ce sera 2 séances de thé, - 2 invitations à manger, ... que je refuse, - une invitation à dormir le soir,... et, je dois en oublier. Des séances photos avec les amis à tous les arrêts. Le midi, nous nous retrouvons 9 "hommes" à manger autour du tapis. C'était devenu un piège, et il a fallu insister pour que l'on me ramène à l'hôtel, - et que je puisse quand même profiter au moins une nuit de ma suite.

 

Alors que j'étais reçu chez les parents de mon hôte pour une nuit, - ne sachant pas exactement j'ai serré les mains,  y compris celle de la mère, - ce que je n'avais jamais fait auparavant. J'ai immédiatement senti que ce n'était pas une coutume du pays. On serre la main des hommes, mais pour les femmes et on se penche légèrement en avant, la main sur le cœur.

 

Petite ville choisi au hasard à une vingtaine de km de la côte du golfe persique : Minab. Grosse surprise en parcourant le marché, - des femmes portent un masque multicolore pour se cacher le visage, avec deux fentes pour les yeux. Je n'avais encore jamais rencontré ce genre de "vêtement". Photos interdites ! - mais, ma poche secrète avec l'appareil photo déclenché par bluetooth fait des merveilles. Ici, ils appellent cela la "bandari burqa", et le port de ce "masque" est très limité géographiquement. Alors que la femme iranienne n'a qu'une couleur de vêtement, le noir, ici les tissus sont plus variés, avec un peu de couleur. Pour plus d'informations, ma gentille fille a trouvé un site : "www.karesleroy.com/bandari/", dont la deuxième partie est en français. J'avais ma bonne étoile ce jour là. J'ai même réussi à en acheter 2 sur le marché, grâce à un homme qui m'a servi d'intermédiaire. Je ne pense pas que les deux femmes auraient accepté de m'en vendre si j'avais été seul.
Une partie de la population de cette région a la peau très foncée - signe sans doute d'une immigration dans le passé de régions plus au sud, - Oman, Yémen ?

 

De l'extrême sud, j'avais l'intention de remonter le long de la frontière du Pakistan et de l'Afghanistan, mais les locaux m'en ont dissuadé, - raison de sécurité. Je suis donc remonté par le centre.

 


Yazd : une grande ville, - très touristique. Les maisons d'une grande partie du centre ville sont en pisé ou briques recouvertes de pisé (mélange de terre argileuse et de paille brisée), y compris les toits en dôme. Bon, ... il ne pleut que 60 mm par an (700 mm en Mayenne). Les ruelles sont très étroites avec les murs arque boutés les uns aux autres soit par des arches en briques, soit avec des morceaux de bois. De très larges cheminées dominent encore les maisons anciennes. Elles servaient autrefois d'aérateurs pour tempérer les maisons en été. Une ville incontournable pour les visiteurs en Iran. On retrouve ce type de construction aussi plus au nord mais souvent à l'état de ruines.

 

Direction Mashhad, au nord-est, et visite du Shrine (mausolée). Ils en raffolent ici. Chaque Imam important de l'histoire a son mausolée, ou presque, - et c'est un lieu de pèlerinage pour les Iraniens, comme chez nous avec Lourdes ou Pommain. Sauf que celui-ci est un petit Versailles. Pas d'appareil photo à l'intérieur, mais ... quelques photos quand même avec mon téléphone.
Je m'approche à 10 km de la frontière de l'Afghanistan, - une région où l'on cultive le Safran. Cette petite fleur bleue d'où on en extrait manuellement le pistil demande des heures et des heures de main-d’œuvre pour quelques grammes de produit. Je me suis intégré à une équipe de récoltant pendant un moment. Dur dur le métier.

Quelques réflexions en vrac :

 

Une grande partie du territoire iranien est en altitude, avec d'immenses plaines à plus de 1000 m. Et on n’en a pas l'impression en parcourant le pays. Le sud est plutôt désertique.
Premier novembre, le froid commence à se faire sentir dans le nord-est, où les hivers sont plus rigoureux qu'en France.

 Pas d'urinoir pour les hommes ! On va dans les toilettes fermées, comme les femmes. Sans doute une question de pudeur ?

 Les hommes se marient tard, 30 - 35 ans. Une question d’argent et de coût de logement. C’est ainsi que l’on trouve souvent 3 générations, voire 4, vivant sous le même toit.

Une grande mode pour les jeunes filles iraniennes est de se faire remodeler le nez.

 Les filles sont majoritaires à l’université. Mais, … elles trouvent difficilement du travail à la sortie. Pour les garçons, c’est un peu plus facile, - malgré tout la fuite de cerveaux est importante.

 Beaucoup de voitures françaises et surtout des 405 Peugeot, - produites sur place. Les routes sont en assez bons états - avec des 4 voies partout. La femme conduit, mais,...... quand le mari n'est pas là. Pas de clignotants, et pas vraiment de règles précises de conduite, - …. j'ai vu pire. Essence : 25 ct d'euro le litre.

 Une personne est souvent différente lorsqu'elle est hors de son milieu. Ici, l'iranien est chez lui, c'est un homme droit, sûr de lui, sans complexe. La même personne en Europe aura tendance à avoir un complexe d'infériorité qui lui donnera une toute autre attitude.

 Tout ce qui est d’origine américaine est malvenue ici, y compris bien sûr le touriste.

 

                ***************************************************************************

 

Deux quiproquos qui ont failli m'emmener en prison. Arrivée à Bojnour par bus je cherche un hôtel en marchant vers le centre. Un mécanicien me communique un nom d'hôtel, que je m'empresse d'écrire sur mon carnet (Couloche), avec la direction. Cinq cent mètres plus loin, il me rattrape en voiture et me conduit jusqu'à l'hôtel, - merci Monsieur. Le lendemain matin je prends en photo le panneau de l'hôtel, écrit en farci, puis départ en taxi collectif pour un aller-retour à 65 km de mon hôtel. 15 à 20 km de marche sur place, puis recherche d'un taxi pour le retour. Le premier veut me faire payer le trajet en entier - ce que je refuge. Je m'éloigne un peu du centre, et, une voiture identique avec 3 personnes à bord s'arrête et me fait signe de monter. "Non, non, je vais plus loin". Les 3 occupants descendent et insistent, - je demande : "combien ?" (le trajet). A ce moment là l'un d'eux essai de me passer les menottes - "ho ho, doucement". Puis un autre me montre sa carte, - "ok, ok, pas de problème, je vous suis". Dans la voiture qui me conduit, je suis assis à l'arrière, bien encadré, avec un gros bras qui m'entoure bien les épaules. Au poste de police, mon sac est vidé, jusqu'au moindre cure dent. Tout est étalé au sol puis photographié, y compris ma tête. Je sens presqu'une jouissance dans les yeux, j'ai tellement de petites choses pour voyager qu'ils me prennent pour un espion. Téléphone, appareil photo, jumelles, clé USB, mini boîtier bluetooth, cartes détaillées du pays, mini trousse pharmacie, sifflet, briquet, vieux passeport (périmé), permis de conduire international avec tous les permis poids lourd et transport en commun, photos d'identités, boussole, et j'en passe... "Où est votre passeport ?" - "A mon hôtel" - "quelle hôtel ?" - "hôtel Couloche à Bojnour, - voici la copie de mon passeport". Pendant ce temps, le contenu de ma clé USB est passé au peigne fin, ainsi que mon téléphone et toutes les photos de mon appareil. Quelques instants plus tard, - "monsieur, il n'y a pas de passeport à votre nom à l'hôtel Couloche". "Quoi, mais je vous assure que mon passeport est à la réception de l'hotel". "Donnez moi mon téléphone, j'ai pris en photo le panneau de mon hôtel". Comme par hasard je ne trouve plus la photo, et, ..... c'est seulement au bout d'un quart d'heure environ que je la retrouve, - pour entendre : "ceci n'est pas l'hôtel Couloche". Quoi ! Et d'ailleurs, ce n'est pas un hôtel". J'ai un peu de mal à comprendre la situation, et je réaffirme - "mon passeport est à la réception de cet "hôtel". Attente - demandes de précision sur le contenu de mes appareils. Une heure plus tard, 3 hommes débarquent et prennent la place des 3 premiers. Plus professionnels, - je sens à partir de cet instant que les choses deviennent sérieuses. Un anglais très rudimentaire ne facilite pas les choses, mais je comprends que la personne qui m'avait donné le nom de l'hôtel Couloche au départ m'a en fait conduit dans une pension. Ne lisant pas le Farsi je me suis rendu compte de rien et l'endroit me convenait parfaitement. Et, les policiers pensent que j'ai donné au départ une fausse adresse. J'ai beau leurs expliquer comment je suis arrivé dans cette pension, ils feignent de ne pas comprendre. Le temps passe. Même questionnement que la première équipe, je reste décontracté, ne marquant surtout pas de signe d'impatience, - pas de regard sur ma montre. Des va et vient avec l'extérieur, sans doute pour se concerter. L'heure avance et je sens que je vais dormir au poste. Vers 21 h j'ai droit à un repas, - merci, c'est sympa de votre part. Vers 22 h, on me dit : "on va vous emmener à votre "hôtel" et continuer avec un interprète". Dans le véhicule qui m'emmène j'ai d'un côté une pile de bagages qui me bloque la portière et de l'autre un bon gardien avec un bras derrière mes épaules. On ne sait jamais ! A l'hôtel - requestionnement à deux dans ma chambre pendant une demi heure. En partant : "on garde votre passeport, et si tout ce que vous nous avez raconté est exacte votre passeport sera à la réception à votre réveil". OK. A mon réveil, le gardien m'informe que les policiers veulent me voir à nouveau vers 9 h 30. Petit stress quand même, même si je suis sûr de moi sur la vérité de mes déclarations, on tombe quelque fois sur les personnes plus ou moins honnêtes. Les deux mêmes policiers arrivent avec un document à signer et un tampon pour une signature à l'emprunte. Ce document, que j'ai oublié de prendre une copie photo, retrace brièvement dans un anglais approximatif, toute l'histoire de la veille, - une assurance pour eux que je ne porterais pas plainte. J'ai droit à quelques excuses et un transport gratuit à la gare routière. Je ne leur en veux absolument pas, ils ont fait leur travail suite à deux quiproquos, le refus de monter dans leur voiture, que je prenais pour un taxi, et l'erreur sur le nom de l'hôtel. Ce service de police "parallèle" se nome intelligencia police, - voitures banalisées, tenues banalisées, - leur méthode d'arrestation est un peu cavalière. Le pays s'ouvre, mais les méthodes de signalisation-dénonciation de suspect semblent encore bien fonctionner. Je suis un touriste atypique qui marche hors des lieux touristiques. J'en garde malgré tout une bonne expérience,... dans la découverte du pays.

                            ******************************************************

  

Une économie déroutante. En achetant une voiture neuve aujourd'hui, cinq ans plus tard je la revends presque le double du prix d'achat, - ceci dû à une inflation galopante. Mon argent placée en banque me rapporte plus de 20 % (source locale, à vérifier). C'est l'impression qu'a le particulier, - mais l'inflation étant plus forte, son capital diminue (en monnaie constante). Le seul moyen de préserver son capital est un investissement dans la pierre ou la terre. Cette économie favorise bien sûr les détenteurs de capitaux, le petit épargnant ne pouvant s'acheter que quelques mètres carrés de terrain ou d'appartement. L'emprunt est quasi impossible, tant les taux d'intérêts sont élevés.

                ********************************************************************* 

Gorgan : deux nuits passées dans une famille. La femme se cache. Les deux hommes fument de l'opium dans la minuscule pièce où je dors. Sans y toucher j'aurais respiré la valeur de plusieurs joints. La drogue est facile ici et pas cher, - proche de l'Afghanistan. L'alcool interdit, beaucoup compense par la drogue. Visite d'un marché très rural, proche de la frontière du Turkménistan, accompagné par mes 2 hôtes. Une grande partie des habitants de cette région est d'origine Turkmène, - je ne me sens plus vraiment en Iran.

 

L'analyse de mon hôte, - à part la population aisée, le peuple est dépressif, il s'ennui. Il ne peut pas s'amuser, - pas d'alcool, pas de parties, pas de danse, pas de fréquentations garçons-filles, pas de politique, ..... des moutons bien dociles. Toute personne contestataire trouvera difficilement du travail dans le pays.

 

Masouleh : un magnifique village tout en espalier, où les toits des maisons servent de cours pour celles du dessus. Pas de rues dans ce village, les voitures restent à l'extérieur. 400 familles y vivent. Rencontre d'un jeune iranien de 26 ans autour d'un thé, - on ne se quittera plus pendant 3 jours. Une nuit passée chez lui dans ce village, - alors que j'ai payé mon hôtel dans la ville d'à côté, - et deux nuits logés chez sa mère à Téhéran. Le luxe d'avoir un guide privé pour visiter la capitale. Une famille vivant quasiment à l'européenne, - des échanges très libres sur les bons et surtout les mauvais côtés du pays. Leur analyse : "du temps du Shah,  l'Iran était très riche avec beaucoup plus de libertés et un développement comparable aux occidentaux. La révolution "aurait" été provoquée par les Etats Unis pour stopper ce niveau de développement qui dérangeait les pays riches". J'ai entendu ce raisonnement plusieurs fois au cours du voyage. Des liens très très forts avec cette famille, et une séparation un peu difficile.

 

Le pays possède toutes les richesses qu’on aimerait posséder : deuxième réserve au monde pour le pétrole et le gaz, des minerais en abondance dans le sous sol, une terre fertile avec une variété de climat permettant une multiplicité de cultures, …. mais, cette richesse profite à une minorité de la population et notamment à la classe dirigeante.

 

J'ai adoré parcourir et découvrir ce pays. Allez y